Le rappeur Nick Conrad a été condamné mardi à Paris à une amende de 5.000 euros avec sursis pour son clip ultra-violent Pendez les Blancs, qui avait suscité une vive polémique à l'automne dernier et l'avait propulsé hors de l'anonymat.
Coupable de provocation au crime. Le tribunal correctionnel a jugé cet artiste noir de 35 ans coupable de provocation au crime pour ce clip qui le met notamment en scène enfonçant un revolver dans la bouche d'un blanc, lui tirant dessus ou lui écrasant la tête sur un trottoir. Cette peine est conforme à celle qu'avait requise le parquet lors de l'audience, le 9 janvier. "Je suis déçu mais le combat va continuer", "on va faire appel", a réagi le rappeur à l'issue du jugement.
Des réactions fortes dans la classe politique. En septembre 2018, la diffusion de ce clip sous l'acronyme "PLB" avait enflammé les réseaux sociaux et suscité de nombreuses condamnations au sein du gouvernement et dans la classe politique. Nick Conrad, rappeur auto-produit, était alors totalement inconnu du grand public. Mais sa vidéo, retirée depuis par YouTube, avait été repérée par des personnes proches de l'extrême droite, qui y ont vu l'expression d'un "racisme anti-blancs", et également relayé par le polémiste Dieudonné. Le parquet avait engagé des poursuites.
Une œuvre fictionnelle. Nick Conrad - un pseudonyme - avait défendu à l'audience une œuvre revendicative, certes réaliste mais fictionnelle et truffée de références à des films comme American History X, qui explore les origines du racisme et de l'extrémisme aux États-Unis. Il s'agit d'une dénonciation du racisme à travers l'évocation "à l'envers" de l'esclavage, des lynchages subis par les Noirs, avait-il assuré. Il devra payer 1.000 euros de dommages et intérêts à chacune des deux associations parties civiles, la Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme (Licra) et l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne (Agrif).