La question de la pénibilité, l'autre point sensible de la réforme des retraites. Quand et comment ? À quel âge pourra-t-on partir si l'on s'estime incapable d'assumer un travail physique pénible ? Le gouvernement promet de rendre obligatoire la visite médicale à partir de 61 ans. Apte ou pas, retraite anticipée ou non, ce sera à la médecine du travail d'établir le diagnostic. Pour le docteur Jean-Michel Sterdyniak, secrétaire général du Syndicat national des professionnels de la santé au travail, cette mesure est impensable.
"Trier des gens"
"Là, on se transforme en 'usurologue', c'est-à-dire qu'on nous demande de trier des gens. Imaginez que vous avez en face de vous une personne qui, à 61 ans, est usée par le travail", déplore le docteur Jean-Michel Sterdyniak. "Comment vous pouvez donner un avis défavorable pour qu'elle reste en poste ? Car ne pas donner un avis favorable veut dire que vous estimez tout à fait légitime qu'un homme de 61 ans, avec une carrière dure et peut-être usé, doive continuer. On fait effectivement reposer sur nos épaules des décisions qui ont été prises à notre insu."
"Je pense qu'on est instrumentalisés dans des décisions politiques qui ont été prises sans même qu'on nous demande notre avis. C'est une sorte de truc que madame Borne a lancé comme ça pour adoucir la dureté de sa réforme. Ce n'est plus tenable", constate encore Jean-Michel Sterdyniak. Au coeur de la réforme des retraites décriées par une partie des Français, les professionnels de la santé au travail seront-ils entendus ? Affaire à suivre...