Médecine du travail 1:16
  • Copié
Ines Zeghloul, édité par Alexandre Dalifard , modifié à
Parmi les mesures de la réforme des retraites, le gouvernement promet de rendre obligatoire la visite médicale à partir de 61 ans. Afin de décider si une personnes est apte ou si la retraite peut être anticipée, la médecine du travail devra établir le diagnostic. Une décision impensable pour le syndicat national des professionnels de la santé au travail.

La question de la pénibilité, l'autre point sensible de la réforme des retraites. Quand et comment ? À quel âge pourra-t-on partir si l'on s'estime incapable d'assumer un travail physique pénible ? Le gouvernement promet de rendre obligatoire la visite médicale à partir de 61 ans. Apte ou pas, retraite anticipée ou non, ce sera à la médecine du travail d'établir le diagnostic. Pour le docteur Jean-Michel Sterdyniak, secrétaire général du Syndicat national des professionnels de la santé au travail, cette mesure est impensable.

"Trier des gens"

"Là, on se transforme en 'usurologue', c'est-à-dire qu'on nous demande de trier des gens. Imaginez que vous avez en face de vous une personne qui, à 61 ans, est usée par le travail", déplore le docteur Jean-Michel Sterdyniak. "Comment vous pouvez donner un avis défavorable pour qu'elle reste en poste ? Car ne pas donner un avis favorable veut dire que vous estimez tout à fait légitime qu'un homme de 61 ans, avec une carrière dure et peut-être usé, doive continuer. On fait effectivement reposer sur nos épaules des décisions qui ont été prises à notre insu."

"Je pense qu'on est instrumentalisés dans des décisions politiques qui ont été prises sans même qu'on nous demande notre avis. C'est une sorte de truc que madame Borne a lancé comme ça pour adoucir la dureté de sa réforme. Ce n'est plus tenable", constate encore Jean-Michel Sterdyniak. Au coeur de la réforme des retraites décriées par une partie des Français, les professionnels de la santé au travail seront-ils entendus ? Affaire à suivre...