C'est l'un des casse-tête de la rentrée scolaire : trouver une place en crèche. C'est souvent un véritable défi pour les parents. Selon la Caisse d'allocations familiales, près de la moitié des structures manquent de personnel. Pour pallier cette pénurie, le gouvernement vient d'assouplir les règles de recrutement. Dès le 31 août, les crèches pourront embaucher des salariés moins qualifiés, et même sans diplôme. Cela restera une exception, l'arrêté le précise, mais cela inquiète tout de même les parents et les professionnels, comme ceux qu'Europe 1 a rencontrés dans une crèche parisienne.
"Est-ce que tu as fini ?", demande Sélim à sa petite tête blonde. "On y va", dit-il en déposant ce matin sa fille de trois ans à la crèche. "C'est hyper inquiétant. On va confier nos enfants à des gens qui ne sont pas forcément aptes", dit-il au micro d'Europe 1. "C'est dramatique, c'est le reflet de la société, c'est le nivellement par le bas. On espère que dans le lot, il y en aura qui sauront tirer leur épingle du jeu malgré l'absence de connaissances."
"On ne nous paye pas correctement"
Yasmina, elle, se rend au travail. Elle est auxiliaire de puériculture depuis sept ans et ne comprend pas que du personnel non qualifié puisse s'exercer. "On ne confie pas une entreprise à quelqu'un qui n'a pas les capacités, donc on ne confie pas un enfant qui a des besoins spécifiques à une personne qui n'est pas capable de s'occuper de l'enfant", estime-t-elle. "C'est vrai qu'on apprend aussi sur le tas, mais c'est mieux d'être formé à l'école pour connaître les protocoles, pour savoir ce qu'il faut faire en cas d'étouffement, etc. Si on se retrouve toute seule, par exemple, et qu'il n'y a pas une diplômée, la personne comment fait-elle ?"
Selon elle, le "manque de personnel" est évident, "mais il faut juste nous payer correctement parce que le travail n'est pas valorisé" : "On ne nous paye pas correctement, donc les jeunes d'aujourd'hui ne veulent plus faire ce travail." Yasmina est payée 2.000 euros brut par mois.
120 heures d'intégration pour les nouvelles recrues
Pour Léonardo en revanche, papa d'un bébé de 18 mois, les employés supplémentaires, même sans diplôme, sont les bienvenus. "Dans des zones en tension, ça peut permettre de soulager. Je ne sais pas s'il y a d'autres solutions", sourit-il.
Pour qu'une crèche recrute sans qualification, elle devra prouver qu'elle a cherché en vain du personnel diplômé pendant trois semaines. La crèche doit aussi instaurer un parcours d'intégration de 120 heures pour la nouvelle recrue.
10.000 professionnels manquants aujourd'hui
Cet arrêté est salué par la Fédération française des entreprises de crèches, même si pour Elsa Hervy, la déléguée générale, cela ne réglera pas le problème. "On est sur un arrêté qui encadre mieux une possibilité qui existait déjà et qui avait des critères fortement différents selon les départements. Cet encadrement national ne va absolument pas résoudre la pénurie de professionnels de la petite enfance", assure-t-elle.
"Il nous faut aujourd'hui, rien que pour faire fonctionner les crèches existantes, 10.000 nouveaux professionnels. Demain, avec les départs à la retraite, au moins 20.000 de plus. Et si les engagements du président de la République et de la Première ministre de construire 200.000 places de crèches d'ici 2027 veulent être tenus, il faut en tout qu'on forme 100.000 nouveaux professionnels de la petite enfance."