Quatre mois après le début de l'affaire Tariq Ramadan, mis en examen pour viols et maintenu en détention provisoire depuis un mois, l'intellectuel est visé par une troisième plainte, déposée mercredi au parquet de Paris. Cette nouvelle plainte, révélée par Europe 1 mercredi, est portée par Marie*, une mère de famille quadragénaire. Elle qui accuse l'islamologue de viols, de violences, de menaces et de chantage, entre février 2013 et juin 2014 (son témoignage, que nous avons recueilli en exclusivité, est à retrouver ici).
Deux premières plaintes, mais peu d'éléments matériels. En octobre dernier, Henda Ayari, ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque, a déposé la première plainte à l'encontre du théologien suisse, pour "des faits criminels de viol, agressions sexuelles, violences volontaires, harcèlement, intimidation", qui se seraient produits en 2012. Quelques jours plus tard, une seconde plaignante s'était manifestée auprès de la justice, décrivant des faits similaires. La nouvelle victime avait rapporté des "scènes de violence sexuelle d'une grande brutalité", qui se seraient déroulées dans un hôtel de Lyon, en octobre 2009.
Dans ces deux premières plaintes, on ne parle que d'un fait unique. Pour les enquêteurs, le seul élément vérifiable est donc la nuit d'hôtel que les deux femmes ont partagée avec le prédicateur. Toutes deux ont pu fournir à la justice des captures d'écran d'échanges avec Tariq Ramadan, mais postérieurs, pour l'essentiel, aux faits dénoncés. La deuxième plaignante a par ailleurs apporté un certificat médical produit à l'époque et attestant de violences subies, mais il est difficile de le relier directement à l'islamologue.
SMS, photos, vidéos et enregistrement vocal. Pour cette troisième plainte, la justice a en sa possession bien plus d'éléments, et notamment des centaines de captures d'écrans de messages échangés via toutes les applications SMS, Whatsapp, Viber, auxquels Europe 1 a pu avoir accès. Plusieurs photos ont également été jointes au dossier, dont un selfie de la plaignante dans un lit à côté d'un homme assoupi, de trois-quarts, qui ressemble à Tariq Ramadan. Il existe également des vidéos, ainsi qu'un enregistrement vocal que la plaignante attribue à l'islamologue et qu'Europe 1 a pu écouter. Une minute et 43 secondes de propos très crus, pornographiques, qui se terminent par "allez exécution !".
Avec les deux premières plaignantes, Tariq Ramadan nie toute relation, même consentie. "Les faits dont vous me parlez ne m'évoquent rien", a-t-il soutenu aux policiers. Pour authentifier le témoignage de la troisième plaignante, les enquêteurs vont pouvoir étudier les numéros de téléphone et les comptes sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, pour chaque rencontre avec l'islamologue, la quadragénaire a fourni aux enquêteurs le nom de l'hôtel, et parfois le numéro de chambre dans laquelle les faits présumés se seraient produits.
* le prénom a été changé