Des "événements" allant "beaucoup trop loin dans l'inhumanité". C'est ainsi que Marlène Schiappa décrivait sur Facebook l'irruption devant son domicile du Mans d'un cortège de "gilets jaunes" dans la nuit du vendredi 24 au samedi 25 mai. Évoquant notamment "des slogans agressifs", des "menaces de mort", et le "traumatisme" de ses enfants, la secrétaire d'Etat annonçait son intention de porter plainte. Deux mois plus tard, les chefs de poursuites retenus contre six manifestants, convoqués devant le tribunal correctionnel, mercredi après-midi, sont bien moindres.
"Debout là-dedans, faut se réveiller"
Deux personnes comparaissent ainsi pour "agression sonore", deux pour "organisation d'une manifestation non déclarée" et deux pour "injures sexistes", mais aucun pour menaces. Europe 1 a en outre pu consulter les images d'un Facebook live de la manifestation, depuis supprimé des réseaux sociaux à la demande de Marlène Schiappa, pour atteinte à la vie privée. La vidéo, d'une durée de trois heures, montre un groupe de quelques dizaines de personnes dont des enfants, déambulant de nuit dans les rues du Mans avec une banderole : "manifestation déclarée d'intérêt public".
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Entre sifflets et slogans hostiles au gouvernement - "Emmanuel Macron, on va tout casser chez toi" -, le cortège est bruyant. Un peu plus de deux heures après le début de la vidéo, il marque un arrêt devant une maison : "debout là-dedans, faut se réveiller !". Le manifestant filmant la scène indique aux spectateurs sur Facebook qu'il s'agit du domicile de Marlène Schiappa. Quelques pétards sont allumés et des insultes fusent mais les "gilets jaunes" restent sur le trottoir d'en face, sans s'approcher de l'entrée, à l'exception d'un homme qui colle une affiche sur la porte. Aucun coup n'est frappé contre les fenêtres, contrairement à ce qu'indiquait la secrétaire d'Etat sur Facebook.
Une séquence d'environ trois minutes
L'époux de Marlène Schiappa sort alors sur le pas de la porte et s'adresse brièvement aux manifestants, qui ne s'approchent pas de lui. Trois minutes après le début de la séquence, les "gilets jaunes" repartent, continuant de chanter et de crier des slogans. "On a décidé de faire toutes les maisons des élus de la République en Marche de la Sarthe", assure l'homme qui filme, donnant l'heure à un internaute qui pose la question en commentaire : "00h31".
Dans son message publié sur Facebook trois jours après les faits, la secrétaire d'Etat évoquait elle ses deux filles et l'une de leurs amies, "terrorisées" par cet épisode. "Les enfants tirées (sic) du sommeil se sont levées en pleurant et criant et sont venues en courant car je vous laisse imaginer l’effet sur des enfants endormis des bruits de détonation couplés aux bruits de frappe sur les portes / fenêtres et "Schiappa, on est venu te crever !" et assimilés adressés à leur mère", écrivait-elle. Entre des versions divergentes, il appartient désormais à la justice de trancher.