Les Restos du cœur lancent mardi leur 34ème campagne, et les besoins restent considérables. L’an dernier, le réseau associatif créé par Coluche a distribué pas moins de 130 millions de repas (+ 30 millions en 10 ans, multiplié par 15 depuis la première campagne en 1985), qui ont bénéficié à plus de 800.000 personnes. Si le nombre total de bénéficiaires reste à peu près stable depuis quelques années leur profil, lui, évolue.
Des adultes chômeurs pour une large part…
Entre novembre dernier et aujourd’hui, la plus grande partie (44%) des bénéficiaires recensés ont entre 25 et 60 ans, sont pour la plupart en recherche d’emplois (41%) et vivent seuls (41%). Les départements les plus concernés, comme l’année précédente, se situent plutôt dans le nord de la France (Nord, Pas-de-Calais et Seine-Maritime) ou le sud-est (Rhône, Hérault et Bouches-du-Rhône). Et la part des familles monoparentales reste très élevée, puisqu'elles représentent 25% de l'ensemble des bénéficiaires (90% de ces familles monoparentales sont des mères élevant seules leurs enfants).
… Et une part grandissante de jeunes et de retraités
Mais au-delà de ces tendances générales qui restent globalement les mêmes depuis plusieurs années, les "Restos" s’inquiètent de la précarité grandissante de certaines catégories de la population. Ainsi, 12% des bénéficiaires des repas distribués par le réseau associatif sont des jeunes âgés de 18 à 25 ans, contre 9% un an plus tôt et 7% il y a deux ans. Et de l’autre côté de la pyramide des âges, le nombre de retraités est passé de 7% à près de 10% en un an.
"Il reste des personnes encore oubliées, qui passent à côté des mesures annoncées par les pouvoirs publics : les mineurs isolés, les mamans à la rue avec leurs nourrissons dès la sortie de la maternité, les retraités pauvres notamment en milieu rural", énumère Patrice Blanc, le président des Restos, dans un rapport. Et d’enchaîner : "Pour tous ceux-là, la devise de notre République oublierait la Fraternité s’il n’y avait pas la présence des bénévoles des associations".
Les Restos inquiets de la suppression de l’ISF
L’an dernier, pour répondre à "la devise républicaine", l’organisation avait pu compter sur la générosité des Français : 90 millions d’euros de dons ont été collectés lors de la précédente campagne, un chiffre record. Mais cette année, les "Restos" du cœur sont inquiets : avec la récente suppression de l’ISF (et donc des déductions d’impôt liés au don), la structure fait face à une chute de 70% des "donations de grande taille", indiquait récemment le Figaro. D’où l’importance de cette 34e campagne, dont le point culminant sera la tournée des Enfoirés, qui aura lieu du 24 au 28 janvier.