Le monde agricole a été affecté de 2010 à 2011 par près de 300 morts par suicide, selon une étude dévoilée mercredi et rapportée par le site de France agricole. Ses auteurs, Santé publique France et la Caisse centrale de la Mutualité sociale et agricole y précisent que c'est 20% de plus que dans le reste de la population française.
Une sous-estimation ? L'étude comptabilise 253 suicides sur les deux années chez les hommes et 43 chez les femmes, majoritairement par pendaison. Les armes à feu, les noyades et les intoxications par médicaments sont aussi utilisése. Mais ces chiffres sous-estiment le phénomène, selon les auteurs de l'étude. Les médecins ont en effet parfois du mal à déterminer si la mort était intentionnelle ou accidentelle.
Les agriculteurs âgés plus exposés. Un des enseignements de cette étude est que les agriculteurs qui se suicident sont rarement jeunes. C'est en effet la tranche d'âge des 45 à 64 ans qui est la plus exposée au risque de suicide. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ce fait : des contraintes financières récurrentes, de difficiles conditions de travail subies sur le long terme et qui peuvent favoriser l’apparition d’une dépression.
Un lien avec les crises économiques. Si l'étude ne met pas en évidence un lien de causalité direct entre crise agricole et hausse des suicides, ses auteurs avancent quand même que l'excès de mortalité "coïncide avec la temporalité des contraintes financières liées à la crise économique". "Ces dernières sont subies par le monde agricole depuis 2007, notamment pour les secteurs d’élevage de bovins, particulièrement affectés", précisent-ils. Ainsi, dans le secteur laitier, le plus grand nombre de suicides chez les éleveurs bovins en 2010 a lieu "durant les mois où les prix du lait étaient les plus bas", soit de janvier à avril.