Le djihadiste Larossi A., qui a tué un juin un couple de policiers à Magnanville, dans les Yvelines, avant d'être abattu par les policiers du Raid, a été inhumé au cours du week-end au Maroc, a-t-on appris lundi auprès de l'avocat de la famille du jeune homme.
Sa tombe n'a pas été anonymisée. "Le Maroc a fait preuve d'humanité. L'autorisation d'inhumer a été donnée jeudi, le corps a été transféré vendredi et il a été enterré au cours du week-end", a indiqué à Me Victor Lima. Le djihadiste, dont la dépouille se trouvait jusqu'alors à l'institut médico-légal de Paris, a été inhumé selon le rite musulman, en présence de sa famille. Sa tombe, dont le lieu exact n'a pas été précisé, n'a pas été anonymisée.
"La famille est apaisée". "La famille est apaisée. Ils voulaient en finir, ils peuvent maintenant commencer leur deuil", a ajouté l'avocat. Larossi A., 25 ans, a assassiné le 13 juin Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant de police, adjoint du commissariat des Mureaux, et Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif du commissariat voisin de Mantes-la-Jolie, à leur domicile de Magnanville, sous les yeux de leur fils de 3 ans. L'attaque a été perpétrée au nom du groupe djihadiste État islamique.
Seul le Maroc a accepté l'inhumation. Le père de Larossi A. avait simultanément formulé trois demandes d'inhumation au cours du mois de juillet : à Magnanville (Yvelines), où le djihadiste avait été tué dans une intervention des policiers d'élite ; à Mantes-la-Jolie, où le jeune homme résidait ; et au Maroc. Les deux premières communes avaient refusé de procéder à l'inhumation, ce qui avait conduit la famille à attaquer Mantes-la-Jolie devant le tribunal administratif de Versailles.
Plusieurs cas de figure prévus par la loi. La question a ensuite été transmise au Conseil d'État, qui doit se prononcer avant fin janvier sur la conformité à la Constitution d'une loi qui oblige les communes à procéder à l'inhumation de ses résidents qui en font la demande. Si le combat judiciaire est désormais devenu purement théorique, la famille entend le poursuivre "car il a un intérêt juridique", a expliqué son avocat. La loi prévoit plusieurs cas de figure pour le lieu d'inhumation, selon François Michaud-Nérard, directeur général des Services funéraires de la Ville de Paris, interrogé par l'AFP fin 2015 : "Si les familles les réclament, les défunts ont droit à une sépulture à l'endroit où ils résidaient, là où ils sont décédés, ou là où la famille a une sépulture familiale".
Une question régulièrement soulevée. La question est régulièrement soulevée depuis la vague d'attaques djihadistes qui sévit en France depuis 2015, les corps des auteurs des attentats étant bien encombrants pour les autorités. En août, les maires de Montluçon (Allier) et Saint-Dié (Vosges) avaient indiqué leur refus d'accueillir la tombe d'un des assassins du prêtre égorgé fin juillet à Saint-Etienne-du-Rouvray, Abdel Malik P., toujours pas enterré. Son complice, Adel K., a pour sa part été inhumé en toute discrétion dans le carré musulman du cimetière intercommunal de Puiseux-Pontoise (Val-d'Oise) fin août.
C'est également en région parisienne que deux des trois assaillants du Bataclan ont été inhumés, alors que Brahim Abdeslam, frère de Salah Abdeslam, seul assaillant survivant des attaques du 13 novembre 2015, a été enterré à Bruxelles en mars 2016.