Depuis dix jours, les policiers manifestent leur "ras-le-bol" par des rassemblements nocturnes, organisés dans toute la France, hors cadre syndical. Pour la première fois, les protestataires se sont rassemblés de jour à Paris, mercredi après-midi, devant l'Assemblée nationale. Quelques heures plus tôt, une autre mobilisation était organisée par Unité SGP police FO, depuis la place de la République à Paris mais aussi dans près de 80 villes de France.
Les trois informations à retenir :
- Le syndicat Unité SGP police FO a tenu une "marche de la colère" à midi
- Le mouvement "asyndical" de policiers s'est réuni à 14 heures devant l'Assemblée nationale
- François Hollande recevra les syndicats de policiers à 18 heures
LES TEMPS FORTS
Un rassemblement suivi. Contrairement aux rassemblements organisés devant les tribunaux mardi, la manifestation initiée par Unité SGP Police FO a largement rassemblé. Dans le cortège syndical, certains affirmaient être là pour "faire les choses dans les règles", avec les syndicats. D'autres avaient participé aux manifestations "spontanées" de ces dix derniers jours, mais pensaient que cette manifestation sera "la plus importante". Des agents des douanes et de l'administration pénitentiaire étaient également présents.
La sécurité, revendication principale. Dans la manifestation organisée par les syndicats, les gardiens de la paix scandaient "policiers attaqués, citoyens en danger". "Les effectifs et les moyens supplémentaires sont un problème, mais ce qui pêche, ce sont surtout les agressions qui nous visent et la justice qui ne fait rien", résumait un manifestant. Plusieurs fonctionnaires interrogés souhaitent une rétablissement des peines plancher pour les agresseurs de policiers.
Devant l'assemblée, une "contre-manifestation". Alors que le défilé de la place de la République touchait à sa fin, des centaines de manifestants se sont réunis sur le pont de la Concorde, devant l'assemblée nationale. "C'est clairement une contre-manifestation", assumait l'un d'entre eux. "La rupture avec les syndicats est consommée, on veut se faire entendre, nous, la base." Plusieurs députés et sénateurs étaient également présents et échangeaient avec les policiers.
Revivez la situation en direct avec notre journaliste :
Dix jours de contestation. Le mouvement est né dans l'Essonne, où quatre policiers ont été blessés dans une attaque au cocktail Molotov à Viry-Châtillon, au début du mois. Lundi 17 octobre, un appel à la manifestation initié par la "base" a circulé en Île-de-France, via des téléphones portables et des forums. Dans la nuit, plusieurs centaines de policiers ont défilé sur les Champs-Elysées, protestant contre la multiplication des attaques dont ils font l'objet. Depuis, la contestation a gagné l'ensemble du territoire et de nouveaux rassemblements de policiers s'organisent chaque soir, dans plusieurs villes de France.
Les syndicats sur la touche ? Depuis le début du mouvement, les protestataires rappellent régulièrement leur volonté de se détacher des puissants syndicats de police pour rester sans leader, ni porte-parole désigné. "Plusieurs policiers disent que les syndicats sont dans des guerres d'influence entre eux et oublient un peu le terrain", analyse Mathieu Zagrodski, spécialiste des questions policières. Mardi, le rassemblement initié par une intersyndicale comprenant notamment Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix, a peu mobilisé.
Des revendications diverses. Épuisés par deux ans de lutte contre le terrorisme, les policiers réclament davantage de moyens et d'effectifs, mais pas seulement. Certains demandent une révision du régime de la légitime défense des gardiens de la paix, afin de pouvoir utiliser leur arme en cas de danger imminent. D'autres dénoncent le supposé "laxisme" des magistrats et demandent le rétablissement des peines plancher pour les agresseurs des membres des forces de l'ordre. Depuis lundi, des réunions de concertation organisées dans les départements doivent permettre de recueillir les doléances des policiers à l'échelle locale.