C'est un fléau qui tue plus que la cigarette. La pollution de l'air est responsable chaque année de 790.000 décès prématurés en Europe, dont 67.000 en France, pour un chiffre mondial qui grimpe à 9 millions. Au micro de Nikos Aliagas, le journaliste Jean-Christophe Brisard, qui publie "Irrespirable, le scandale de la qualité de l’air en France" aux éditions First, revient sur ce phénomène dont la gravité est méconnue du grand public.
"Le manque de volonté des politiques". Pour le spécialiste, si les scientifiques sont ignorés lorsqu'ils abordent le problème de la pollution de l'air, c'est "parce que cela nécessiterait des investissements énormes, et un changement de comportement en terme d'économie, notamment sur l'industrie automobile". Il dénonce l'inaction et "le manque de volonté des politiques [...]. AirParif sait mesurer les particules fines, mais on ne leur donne pas assez de moyens", pointe-t-il.
"Pour la région parisienne, les départements les plus riches, les Hauts-de-Seine, les Yvelines et la Seine-et-Marne, ne financent plus AirParif", affirme le journaliste au micro d'Europe 1. Au niveau national, "sur 96 départements, seuls 19 financent ! On sait faire, mais par manque de moyens et de volonté, on ne fait rien", résume-t-il.
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Le puissant lobby de l'industrie automobile. Pourtant, la Commission européenne a réglementé la pollution, mais cela est insuffisant pour la simple et bonne raison que "les particules fines ne font pas parties de ces normes", appuie le journaliste. "La Commission européenne est toujours à la traîne et peut-être qu'elle écoute un peu trop les lobbys de l'industrie. J'ai la preuve qu'en 2008, quand l'UE a décidé de réglementer ces polluants, elle a reçu et suivi des conseils du Medef européen de ne surtout pas réglementer les PM2.5, ces fameuses particules fines", accuse le journaliste. "C'est toujours le même problème, le chantage à l'emploi contre la santé", lâche-t-il.
Un coût de 100 milliard d'euros par an pour la France. Mais la pollution a un coût qu'il faut prendre en compte dans cette équation. "La pollution, c'est 100 milliards d'euros par an pour la France, en comptant le manque à gagner, le déficit agricole ou encore les personnes malades qui restent chez elle au lieu d'aller travailler. Il faut confronter ce coût avec ce que rapporte l'industrie automobile aujourd'hui".
La mise en garde à Edouard Philippe et à la classe politique
Jean-Christophe Brisard (journaliste) à Edouard Philippe :
— Europe 1 (@Europe1) 13 mars 2019
"Il faut écouter davantage les cris d’alerte des spécialistes qui disent que les conséquences de la pollution de l’air seront dramatiques."@nikosaliagas#europe1pic.twitter.com/idbw75WbEs
Alors qu'Edouard Philippe est l'invité exceptionnel d'Europe 1 vendredi 15 mars de 7h30 à 9h, Nikos Aliagas demande à Jean-Christophe Brisard s'il a un message à faire passer pour le Premier ministre. Sa réponse ne laisse pas indifférent : "Ecoutez beaucoup plus les cris d'alertes des scientifiques qui disent que ça va être dramatique. Un jour, les citoyens vont vous poursuivre parce que vous saviez, mais vous n'avez pas fait".