Le président Emmanuel Macron débute ce samedi son premier déplacement en Polynésie française. Au programme de ce séjour du 24 au 27 juillet : des échanges sur l'importance stratégique de cet archipel du Pacifique et sur les défis climatiques qu'il rencontre. Mais de leur côté, les Polynésiens attendent également des annonces pour les victimes des essais nucléaires. Entre les années 1960 et 1996, environ 200 essais nucléaires ont été réalisés par la France dans cette partie du monde, exposant les habitants à des risques sanitaires.
"Le sujet est encore éruptif"
Malgré la volonté d'apaisement du président de la République Emmanuel Macron sur le sujet, "ce sera très difficile" de tourner la page des essais nucléaires en Polynésie française, a affirmé l'historien Jean-Marc Regnault, spécialiste de la question, vendredi sur Europe 1. Pour lui, cela est d'autant plus difficile que "viennent se mêler là-dessus des opportunités politiques".
"Naturellement, les indépendantistes, et c'est tout à fait leur droit, essayent de rebondir là-dessus", a-t-il poursuivi. "L'Eglise catholique essaye de se dédouaner de la période où elle a été plus ou moins complice du centre d'essais et veut se tailler une virginité face l'Eglise protestante qui a été un peu plus en pointe, mais pas toujours d'ailleurs." Ainsi, "des quantités de problèmes viennent se greffer et font que le sujet est encore éruptif."
Une responsabilité assez élargie selon l'historien
Malgré l'absence de pardon, Jean-Marc Regnault estime que l'Etat a fait le premier pas. Mais pour lui, la responsabilité est également diluée. "Il ne faut pas oublier qu'il y a eu en Polynésie des hommes politiques qui ont accepté le centre d'essais et même qui ont été chaleureux (avec le projet), en remerciant le général De Gaulle. Il y a aussi énormément de journalistes qui ont fait l'apologie du centre d'essais nucléaires", a-t-il indiqué. "Il y a des hommes d'affaires qui se sont considérablement enrichis", a-t-il ajouté, mentionnant en outre le rôle des électeurs lors de l'élection présidentielle de 1965.
"C'est là que le débat est un peu hystérisé en Polynésie. Les gens ne veulent pas admettre que pour beaucoup d'entre eux, ça les a arrangés", a conclu l'historien.