"Distinguer Polanski, ça veut dire 'ce n'est pas si grave des violer des femmes'. A quelques jours de la cérémonies des Césars, les mots d'Adèle Haenel ont résonné lundi dans le monde entier. L'actrice française a accordé un long entretien au New York Times, dans lequel elle a évoqué le cas du réalisateur Roman Polanski, nommé 12 fois pour son film J'accuse, malgré les accusations de viol qui planent à son encontre. Le récompenser, "c'est cracher au visage de toutes les victimes", estime-t-elle dans les colonnes du quotidien américain.
"La France a complètement raté le coche" de #MeToo
L'actrice avait provoqué en octobre un séisme dans le cinéma français en accusant le réalisateur Christophe Ruggia d'"attouchements répétés" quand elle était adolescente. Elle dénonce aujourdh'ui le "paradoxe" du mouvement #Metoo en France : "C'est l'un des pays où le mouvement a été le plus suivi, du point de vue des réseaux sociaux, mais d'un point de vue politique et médiatique, la France a complètement raté le coche", souligne l'actrice.
Elle remet plus largement en cause le système judiciaire français qui d'après elle "ne fait pas des violences faites aux femmes sa priorité". "La justice doit s'amender pour mieux traiter les femmes victimes de violence sexuelle", ajoute Adèle Haenel. Interrogée sur ses projets artistiques éventuellement affectés par l'impact de ses accusations contre le cinéaste, l’actrice affirme "qu'elle a fait quelque chose de bien pour le monde et pour son intégrité". Elle conclut : "Peu importe si cela nuit à ma carrière (...) je vais faire du théâtre à la fin de l'année, mais je ne sais pas encore comment cela impactera la façon qu'auront les gens de me voir."