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Invité vendredi de Sonia Mabrouk, dans la matinale d'Europe 1, l’avocat Eric Dupond-Moretti a vivement dénoncé les excès de la volonté de transparence. Excès qui ont notamment conduit, selon lui, à la publication des vidéos intimes de Benjamin Griveaux.
INTERVIEW

L'artiste contestataire russe Piotr Pavlenski a expliqué avoir révélé des vidéos intimes de Benjamin Griveaux au nom de la transparence, pour dénoncer la distorsion entre le comportement public et privé d’un homme politique. Mais pour l’avocat Éric Dupond-Moretti, il a d'abord violé l'intimité d'une correspondance privée. "Benjamin Griveaux est victime pénalement, il est totalement victime", a ainsi estimé le pénaliste vendredi, au micro de Sonia Mabrouk sur Europe 1.

"Le citoyen que je suis est vent debout contre de telles pratiques", poursuit Éric Dupond-Moretti, qui réfute l’argument selon lequel un homme politique tel que Benjamin Griveaux aurait dû se montrer plus prudent dans ses échanges privés. "Quand Apollinaire adressait des lettres érotiques, voire pornographiques, ne se mettait-il pas en danger ? Une correspondance ne doit pas être violée. C’est aux réseaux sociaux, c’est aux blogs à s’adapter à notre intimité. Elle est infiniment respectable."

Benjamin Griveaux a porté plainte pour "atteinte à l'intimité de la vie privée" après la diffusion de ces vidéos à caractère sexuel, l'ayant conduit à retirer sa candidature à la mairie de Paris. De son côté, Piotr Pavlenski a été mis en examen. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a également laissé entendre qu'il pourrait perdre son statut de réfugié politique en France.

Éric Dupond-Moretti condamne vivement les excès de la transparence qui, selon lui, contribuent à mettre en place une véritable ère du soupçon. "On est dans l’époque de la transparence, que j’appelle la ‘tranpercence’, où il faut absolument tout dire, et le secret devient suspect", explique-t-il. Pour Éric Dupond-Moretti, ce phénomène est amplifié par les réseaux sociaux, et l’anonymat qu’ils peuvent conférer à leur utilisateur. "Les réseaux sociaux devraient être l’outil de la démocratique participative, c’est devenu une poubelle à ciel ouvert."