Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions qu’on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Mercredi, il nous fait voyager jusqu'au XIIIe siècle pour comprendre les origines de "jamais deux sans trois".
"No hay dos sin tres" en espagnol, "never twice without thrice" en anglais… L'expression française "jamais deux sans trois" est l'une des rares qui se traduit au mot près de la même manière dans d'autres langues. Quel que soit le pays, cela sert souvent à expliquer qu'un évènement donné se déroule à nouveau, comme cette répétition était écrite à l'avance. Une certitude que l'on ne retrouve pas quand on cherche à expliquer l'origine de cette locution.
Il faut remonter au XIIIe siècle pour trouver une première trace de "jamais deux sans trois". À l'époque, on dit plus volontiers "tierce fois, c’est droit". Une façon de dire que l'on ne peut pas faire quelque chose correctement en une seule fois, et que sa répétition amène toujours un certain savoir-faire et une amélioration. Un sens très logique à une époque où presque toute la population travaille de ses mains.
Trois, un chiffre très symbolique
Certains linguistes estiment également que l'expression "jamais 2 sans 3" venait d’un jeu populaire au Moyen-âge, où cette expression était la règle principale. Problème : le jeu en question aurait depuis totalement disparu et il n'en reste aucune trace.
Reste que la place centrale accordée dans cette locution au chiffre trois rappelle que ce dernier n’est pas anodin. Il est en effet très symbolique dans beaucoup de cultures et de religions. On peut par exemple citer la Sainte Trinité des chrétiens, ou le fait que le 3 soit un porte-bonheur en Chine.
Au début du siècle dernier, le poète surréaliste Benjamin Perret écrivait par ailleurs cette très belle phrase : "Il faut être deux, pour être trois". Un clin d'œil à notre "jamais deux sans trois", la licence poétique en plus. Un truculent proverbe corse donne un tout autre poids au chiffre trois : "Trois marmites, c’est une grande fête, trois femmes, c’est une tempête". Une belle rime, pour un sens qui l'est un peu moins.