"C'est le plus grand mouvement d'investissement en faveur de la science depuis la fin des années 1980", assurait dimanche dans l'hémicycle Frédérique Vidal : à l’Assemblée s’ouvrait la discussion autour du projet de loi de programmation de la recherche porté par la ministre de l'enseignement supérieur. Avec 25 milliards programmés sur 10 ans, le gouvernement parle d'un "investissement inédit", mais la communauté scientifique elle, est vent debout. Rarement on aura entendu discours plus opposés, alors que ce projet de loi était attendu par toute la communauté scientifique depuis des années.
Les chercheurs n'y croient pas
Le but d'une telle augmentation de budget sur 10 ans : éviter que la France ne décroche dans la compétition internationale. Mais les chercheurs n’y croient pas : pour eux, c'est faire peser les plus fortes dépenses sur les quinquennats suivants. Au moment du discours de la ministre, sur la place du Palais Bourbon, ils criaient leur défiance envers ce projet de loi.
Le texte est pourtant alléchant : il prévoit une amélioration substantielle des salaires alors que depuis vingt ans, les inscriptions en doctorat ne font que chuter, la carrière attirant de moins en moins. Le texte garantit aussi plus de 5.000 postes.
Le fond même de la réforme en cause
Trop peu pour faire face à l’afflux d’étudiants, rétorquent les universitaires. La philosophie de la réforme est également en cause : le texte prévoit la création de chaires de "professeur junior", des jeunes docteurs pouvant espérer, après des années, six maximum, devenir professeurs s'ils font leur preuves. Une véritable "précarisation" des carrières rétorquent des enseignants, qui ont souvent mis des années avant d’obtenir un poste à l’université, mais qui, lorsqu’ils l’obtiennent, leur garantit une carrière à vie.
Dans l'entourage de la ministre, on reconnaît qu'on s'adresse à un "public ultra exigeant", qui a souffert de décennies d'incurie.