"Bryan is in the kitchen". Pour beaucoup, cette simple phrase tirée des manuels d'apprentissage de l'anglais est révélatrice d'un mal bien français : nous sommes nuls dans la pratique et l'apprentissage des langues étrangères. "Les enquêtes internationales montrent qu'en effet nous ne sommes pas très bons. Mais le français, culturellement, a été à une époque l'équivalent de ce qu'est l'anglais aujourd'hui, à savoir une langue reconnue internationalement. Et de cela, on a gardé l'idée que le français, c'est quand même mieux que tout", débute Brigitte Lallement, spécialiste de l'enseignement de l'anglais.
Pour les Français, le problème serait donc d'abord culturel. L'école, et notamment ses méthodes pour l'apprentissage des langues, souvent basées sur beaucoup d'écrits, est aussi pointée du doigt.
Créer un engouement pour la pratique d'une langue
"Je pense que l'erreur, c'est qu'on se focalise beaucoup plus sur l'étude de la langue que sur la pratique. Tout ce qui est verbes irréguliers, grammaire, syntaxe, c'est important mais je pense que c'est quelque chose qui ennuie beaucoup, qui est très rébarbatif et qui empêche de rentrer dans l'amour d'une langue", explique Super Heco, YouTubeur et auteur du "guide ultime pour tout apprendre et devenir un super-héros".
Pour le coach, pour devenir bilingue ou simplement être à l'aise dans la pratique d'une langue, il faut d'abord acquérir une passion, un amour. Il est donc nécessaire, à l'école ou ailleurs, de créer un engouement avant de se lancer.
Comment oublier son "french accent" ?
Un des plus grands freins à parler une autre langue, par exemple l'anglais, est souvent le manque de maîtrise de l'accent. On est timide, on n'ose pas et on a peur de ne pas se faire comprendre ou d'être ridicule. Mais pour Brigitte Lallement et Super Heco, seul le sens d'une phrase compte : celui que l'on comprend et celui que l'on exprime.
Mais comment faire si l'on a honte de parler ? "Je pense que c'est souvent une question de désensibilisation. On s'habitue à ce mal être, ce malaise à parler aux gens tout simplement. Mais on peut faire cela petit à petit. Commencer par construire des phrases seul chez soi et de s'entraîner à les dire, puis parler cette langue avec un proche et enfin en situation avec des inconnus", confie Super Heco.
Garder un rythme de pratique
Il est également nécessaire de garder un certain rythme. Si l'on utilise la langue apprise dans le cadre professionnel ou personnel alors il y a plus d'occasions de la pratiquer et de garder le niveau acquis. En revanche, dans le cas d'une toute nouvelle langue apprise en six mois, Super Heco conseille de la pratiquer au mois une heure par semaine.
De son côté, Brigitte Lallement conseille de partir en échange ou en voyage dans le pays d'origine de la langue, encore faut-il en avoir les moyens. Sinon, des applications fleurissent de toute part pour apprendre de chez soi et être en contact avec des natifs de la langue.
Apprendre des langues pour muscler son cerveau
En plus d'être utile socialement, l'apprentissage d'une langue est très bon pour le cerveau. "C'est comme un sport qu'on ferait pour son corps, mais pour son esprit. Beaucoup de gens arrêtent d'apprendre au bout d'un moment et c'est aussi pour ça qu'il y a le vieillissement des cellules, le vieillissement des neurones. Il y a des maladies qui peuvent arriver comme Alzheimer. Donc en fait, c'est plutôt un sport qu'on fait pour son esprit qui permet de faire reculer pas mal de maladies, même si c'est l'apprentissage en général, dès qu'on travaille la mémoire finalement", détaille Super Heco.
Et dans cette gymnastique du cerveau, pour les enfants issus de l'immigration, bilingues en français et avec la langue du pays d'origine d'un des parents, l'apprentissage de nouvelles langues semble plus facile. Même si pour Brigitte Lallement, cela reste à démontrer.