C'est l'autre réforme du gouvernement qui ne passe pas. Gérald Darmanin, souhaite imposer sa réforme controversée de la police judiciaire durant l'année 2023. Selon le projet de réforme porté par le ministre de l'Intérieur et le Directeur général de la police nationale Frédéric Veaux, l’organisation des différents services de police d’un département - renseignement, sécurité publique, police aux frontières (PAF) et police judiciaire (PJ) - sera sous la direction d'un seul directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.
Un texte qui provoque la colère des enquêteurs et des magistrats
Mais face à la gronde des fonctionnaires, notamment des enquêteurs de la mythique police judiciaire, soutenus par de nombreux magistrats, Gérald Darmanin a rétropédalé début mars indiquant la création d'un poste de directeur interdépartemental de la police nationale (DIPN) ayant autorité sur la PJ et la PAF dans certains départements. Dans les autres départements, ce sont les DDPN qui auront autorité sur la PJ. Mais les fonctionnaires pointent du doigt le risque de perte d'efficacité dans la lutte contre la criminalité organisée. Ils manifestent ce jeudi à midi devant les tribunaux judiciaires de toute la France.
"C'est un retour en arrière"
"Demain, on devient une police judiciaire départementale. Ça n'a pas de sens. On a été créé, nous, police judiciaire, il y a plus d'un siècle maintenant, parce que la criminalité dépassait le cadre des villes et des départements. C'est un retour en arrière qu'on n'explique pas", regrette Franck Nicol, le secrétaire général adjoint de l'Association Nationale de la Police Judiciaire (ANPJ) car jusqu'à maintenant, les enquêteurs de la police judiciaire sont sous l'autorité de la direction centrale de la police judiciaire.
"La criminalité a plusieurs niveaux. Nos collègues de sécurité publique font un énorme travail sur le local, le départemental. Nous, notre fonction, c'est de travailler sur l'échelon supérieur, c'est-à-dire les réseaux criminels, les têtes de réseau, que ce soit en stups ou en banditisme. La presse relate régulièrement nos succès", ajoute Franck Nicol avant de poursuivre. "Sur un trafic de stups, on s'intéresse aux points de deal et on s'intéresse à l'importateur. Un point de deal qui sera traité, se déplacera et gênera la population à un autre endroit. Les deux sont importants. Demain, on supprime la capacité de la police judiciaire à travailler sur les importations, par exemple en terme de stups", conclut-il.