C'est une situation inédite et plutôt angoissante à laquelle la France pourrait être confrontée cet hiver. Alors que le gestionnaire du réseau électrique RTE a mis en garde sur un risque de délestages et de coupures de courant au mois de janvier, Europe 1 vous révèle ce mercredi que les services de secours ne seront pas préservés. En cas de coupure, les pompiers, le Samu ou encore la police ne seront plus joignables.
De mémoire d’employés des télécoms, le sujet n’a jamais été aussi sensible. Pour fonctionner, les 60.000 antennes-relais réparties sur le territoire ont besoin d’électricité et si certaines sont équipées de batteries de secours, leur autonomie ne dépasse pas une demi-heure alors que les délestages pourraient durer deux heures. Pour assurer le fonctionnement autonome de chaque antenne pendant ce laps de temps, il faudrait installer une tonne de matériel par pied. Une logistique impossible à mettre en œuvre.
Les opérateurs ont alerté dès février 2022
Dans le cas d’un délestage, RTE décrète la puissance que le réseau n'est plus en mesure d'assumer. C’est ensuite à Enedis que revient la charge de cibler les coupures de courant par zones d’environ 100.000 habitants. Dans ce cas de figure, les antennes-relais peuvent en faire les frais. "On peut dans certains cas retrouver sur certaines zones géographiques des ruptures de communication", concède Sébastien Sarrazin, chef de l'agence de conduite régionale Enedis en Centre-Val-de-Loire. D'autant que les antennes ne se reconnectent pas automatiquement. Dans minimum un cas sur deux, leur redémarrage nécessite une intervention humaine.
En conséquence, les opérateurs insistent depuis des mois auprès des services de l’État pour que les antennes-relais soient décrétées sites prioritaires. Les professionnels du secteur ont alarmé dès le mois de février 2022, mais l’exécutif a semble-t-il tardé à agir et à se saisir du sujet. A ce jour, il n’a toujours pas accepté de sanctuariser le réseau téléphonique. Précisons toutefois que celui-ci est réparti de façon diffuse sur le territoire ce qui complique la situation. Les discussions en cours visent à préserver le 112, seul numéro d'urgence compatible avec toutes les antennes de tous les opérateurs.
Les préfets pourraient agir sur demande de l’État
La liste des sites prioritaires est régie par un arrêté qui remonte au 5 juillet 1990. Elle comprend les hôpitaux, les prisons, l’éclairage public ou encore les sites militaires. Le réseau téléphonique n'en fait pas partie. Or sur les 32 dernières années, les téléphones portables sont devenus le premier moyen des Français pour contacter les services de secours.
Les préfets peuvent toutefois ajouter des sites à la liste mais ne doivent pas dépasser le seuil de puissance non-délestable, en l'occurrence 38% de la puissance électrique du département. Un seuil pourtant régulièrement atteint. Les possibles coupures de courant hivernales pourraient donc avoir de lourdes conséquences.