Non, Mai 68 n'a pas commencé... en mai."Tout commence le 22 mars à Nanterre et non pas à Paris", rappelle Thierry Geffrotin, journaliste au service culture d'Europe 1. "Ce jour-là, "il y a une assemblée générale tenue par des étudiants. Ils veulent obtenir la libération de militants qui ont mis à sac l’agence de l’American Express près de l’Opéra, à Paris. Ce sont des étudiants politisés. On est en pleine guerre du Vietnam, anti-américanisme, anti-impérialisme. Et cette assemblée générale a pour but de faire pression sur l’université mais aussi sur le pouvoir", résume-t-il.
Parmi les étudiants, un certain Daniel Cohn-Bendit. De cette première AG, découle le "Mouvement du 22 mars". Mais là encore, on n'est pas dans une organisation clairement délimitée, plutôt dans une "perpétuelle agitation". "Vous avez des situationnistes, des maoïstes. Vous avez aussi des trotskistes. Vous avez aussi des étudiants qui ont vu de la lumière et qui sont entrés", détaille Thierry Geffrotin. A la tribune, s'installe rapidement un certain Daniel Cohn-Bendit. Mais attention, prudence... "Celui qui parle le plus fort ce jour-là, c’est bien Daniel Cohn-Bendit. Mais il n’y a pas que lui. Le 'Mouvement du 22 mars', ce n’est pas que Daniel Cohn-Bendit", insiste-t-il.
Mars, avril, mai... Le bouillonnement est bien là mais on est encore loin des barricades. Le pouvoir a sans doute imaginé que cette agitation ne survivrait pas aux vacances étudiantes, aux examens,... "Mais au mois d’avril, l’agitation continue. Il y a des débats. Il y a des heurts entre les militants d’extrême-droite et d’extrême-gauche. Il y a des violences physiques, des violences morales. On sent que Nanterre est en train de bouillonner, qu’il se passe des choses mais on est loin d’imaginer que ça va déboucher sur Mai 68".