Poursuivi pour "outrage" et "rébellion", le journaliste Taha Bouhafs relaxé
Le journaliste Taha Bouhafs a été relaxé mardi par le tribunal correctionnel de Créteil des poursuites le visant pour "outrage" et "rébellion" envers un policier, qu'il accuse lui-même de violences lors de son interpellation en 2019 en marge d'une manifestation.
Le tribunal correctionnel de Créteil a relaxé mardi l e journaliste Taha Bouhafs des poursuites le visant pour "outrage" et "rébellion" envers un policier. Le journaliste accuse lui-même ce dernier de violences lors de son interpellation en 2019 en marge d'une manifestation. Le tribunal l'a relaxé du chef de rébellion, comme l'avait requis le parquet, "au motif que l'attitude adoptée par Taha Bouhafs relève de la résistance passive et non pas d'un acte de rébellion".
Le journaliste, actuellement au MédiaTV, a été également relaxé du chef "d'outrage". Le tribunal a considéré qu'il n'a "pas dit 'racaille de flics' et que les propos énoncés ne pouvaient pas être outrageants" car la fonction du policier, "pas clairement identifié", ne pouvait "être connue de l'auteur". A l'audience le 10 mars, le parquet avait requis une amende de 700 euros.
"Le droit de la presse et le droit à l'information"
Le 11 juin 2019, Taha Bouhafs avait été interpellé alors qu'il filmait une manifestation de travailleurs sans-papiers devant la société Chronopost à Alfortville (Val-de-Marne) pour le média en ligne Là-bas si j'y suis. Dans une vidéo visionnée à l'audience, on entend que les esprits s'échauffent alors qu'un policier lui demande d'arrêter de filmer. "Vous vous prenez pour un cow-boy ?! (...) Vous vous croyez au-dessus de la loi ?!", lance Taha Bouhafs, "vous jouez les racailles, hein". "C'est ça ce que tu dis, que je suis une racaille ? (...) Fais attention à ce que tu fais", le met en garde le policier.
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Placé en garde à vue dans la foulée "pour outrage et rébellion", le journaliste, qui nie les faits, a déposé plainte pour "violences" par personne dépositaire de l'autorité publique: il accuse un policier de lui avoir déboîté l'épaule. "C'est le droit de la presse et le droit de l'information qui est aujourd'hui sauf", a réagi auprès de l'AFP Arié Alimi, l'avocat du journaliste. "Nous attendons les poursuites criminelles pour les fausses déclarations des policiers".
"Ce procès, c'est l'article 24 (controversé) de la loi Sécurité globale : on m'a demandé d'arrêter de filmer, j'ai refusé, on m'a violenté et interpellé, c'est tout ce que l'on dénonce", a déclaré à l'issue du délibéré Taha Bouhafs. Contacté par l'AFP, l'avocat du policier, Me Laurent-Franck Lienard, n'a pas répondu dans l'immédiat.
Réaction d'Amnesty International France
Pour Amnesty International France, "cette affaire est emblématique des entraves auxquelles les journalistes et toutes celles et ceux qui documentent les actions de la police peuvent faire face : l'usage non-nécessaire ou excessif de la force à leur encontre ou encore de poursuites abusives sur la base de lois trop larges ou trop vagues ".
Taha Bouhafs s'est fait remarquer pour avoir filmé Alexandre Benalla, l'ex-collaborateur du président Emmanuel Macron, en train de frapper un homme le 1er mai 2018, contribuant à faire éclater cette affaire embarrassante pour l'Elysée. Par ailleurs, suspecté d'avoir incité des manifestants à investir en 2020 un théâtre parisien où le chef de l'Etat assistait à une représentation, il a bénéficié d'un non-lieu.