Le constat est éloquent et inquiétant : les étudiants sont parmi les plus impactés par la crise économique entraînée par l'épidémie de coronavirus. Et depuis plusieurs mois, de plus en plus de jeunes aux finances plombées ont recours aux distributions d'aides alimentaires organisées par les associations. Invité samedi d'Europe 1, Ulysse Guttmann-Faure, président-fondateur de l’association Co’p1-Solidarités étudiantes, redoute que cette situation perdure même une fois la pandémie vaincue.
"On se rendait compte que quelle que soit notre situation, c'était de plus en plus difficile pour nous tous, économiquement mais aussi sur le plan alimentaire", explique l'étudiant, revenant sur la genèse de son association. Autre constat : les fondateurs notaient que "les étudiants n'osaient pas solliciter de l'aide". "C'est difficile de se dire quand on a 20 ans qu'on a besoin d'aide pour pouvoir manger."
Une demande toujours plus forte
Aujourd'hui, le collectif compte plus de 500 bénévoles, qui ne sont pas de trop face à une demande toujours plus forte. "Au départ, on était à 150 étudiants par semaine. Aujourd'hui, on est à un millier", explique Ulysse Guttmann-Faure. Pour faire face à la demande, Co’p1-Solidarités étudiantes peut compter sur les dons de particuliers, mais aussi sur les invendus de différents commerces ou encore de Rungis qui peuvent fournir des fruits et légumes. "On aide les étudiants à manger, mais on veut aussi les aider à bien manger", assure l'invité d'Europe 1.
Son association peut aussi s'appuyer "sur des associations qui, depuis très longtemps, aident des étudiants", comme le Secours populaire, les Restos du Cœur, ou encore La Croix-Rouge, qui va elle fournir des produits d'hygiène.
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Les jeunes femmes particulièrement touchées
Mais qui sont ces jeunes, de plus en plus nombreux, donc, qui doivent recourir à la distribution d'aides alimentaires. "Majoritairement des jeunes femmes", répond Ulysse Guttmann-Faure, ces dernières représentants 67% des étudiants sollicitant Co’p1-Solidarités étudiantes. Cette situation peut notamment s'expliquer par la disparition de plusieurs métiers majoritairement féminins en raison de la crise sanitaire, comme les métiers du social ou de l'événementiel, mais aussi par des dépenses plus importantes, au niveau par exemple "des protections périodiques, des serviettes, des tampons".
Et si le gouvernement comme les autorités sanitaires espèrent que la France viendra bientôt à bout de l'épidémie, la précarité des étudiants, elle, pourrait perdurer. "Il y aura des effets dans le temps", redoute Ulysse Guttmann-Faure. Et de conclure : "On est de moins en moins optimiste quand on voit les files d'attente qui s'allongent et les sollicitations qui augmentent".