Les stéréotypes en prennent un coup : une étude révèle que les jeunes placés par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) ne s’en sortent pas si mal que ça quand ils sont accompagnés jusqu’à leurs 21 ans. Le deuxième volet de l’Étude longitudinale sur l’automisation des jeunes après un placement (Elap), dévoilé mercredi par La Croix, donne une photographie de ce que sont devenus 756 jeunes placés dans sept départements après leur sortie de l’ASE, entre 2013 et 2017.
Seuls 8% à la rue. D’après cette enquête, menée par l’Ined et le CNRS, seuls 8% de ces jeunes se retrouvent à la rue un an après leur sortie de l’ASE, ce qui est plus que dans la population en générale mais loin des 40% parfois évoqués. "Les jeunes issus de l’ASE sont souvent 'sans domicile' au sens de l’Insee, ce qui signifie qu’ils n’ont pas de logement à eux et sont hébergés ou pris en charge par des associations. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils vivent dehors", analyse pour La Croix Isabelle Frechon, l’une des coauteures de l’étude.
Près de la moitié a son bac. De plus, près de la moitié des jeunes placés qui ont bénéficié du Contrat Jeune Majeur (CMJ) – qui prolonge l’aide financière et éducative jusqu’à leurs 21 ans – décrochent leur bac : 45% d’entre eux ont en effet obtenu le bac, contre 39% pour les enfants d’employés ou d’ouvrir. Toutefois, ils ne sont que 10% d’entre eux à poursuivre des études supérieures, contre 21% pour les seconds.
Des contrats plus rares. Ces résultats s’expliquent, écrit La Croix, car les CMJ ne sont accordés qu'aux plus motivés des enfants placés, ayant un projet d'études supérieures. Ils étaient 21.800 à en bénéficier fin 2013, soit 1% des jeunes placés. Les résultats rassurants de cette étude devraient toutefois encourager les Départements à accorder plus de CMJ, estime Marc Chabant, directeur du développement de la fondation Action enfance : "certains départements n’en proposent plus, ou alors trop courts. Il y a dix ans, la durée moyenne était de 2 ans contre 6 mois aujourd’hui."