L'affaire Bygmalion connaît jeudi un tournant majeur : le tribunal correctionnel rend à 10 heures son jugement à l'issue du procès sur les dépenses excessives de la campagne présidentielle de 2012. L'ex-président Nicolas Sarkozy sera fixé sur son sort, alors qu'il encourt un an d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende. Le procès s’était tenu en juin dernier devant le tribunal correctionnel de Paris.
Quatorze prévenus connaitront leur jugement jeudi matin, dont l’ex-président de la République. Le parquet a requis des peines de dix-huit mois à quatre ans de prison avec sursis et des amendes allant jusqu'à 150.000 euros ; un an de prison dont six mois avec sursis contre Nicolas Sarkozy, jugé pour "financement illégal de campagne".
"Des shows à l'américaine"
"Il était président au moment des faits. C'est une fonction qui exige un comportement irréprochable", a fustigé le parquet lors de son réquisitoire. Pour le magistrat, Nicolas Sarkozy a "incontestablement" bénéficié de la fraude en demandant "un meeting par jour", des "shows à l'américaine" sans se soucier des dépenses.
Mais contrairement à ses treize co-prévenus, l’ex-chef de l'État n'est pas mis en cause pour le système de double facturation imaginé pour masquer l'explosion des dépenses de campagne. À la barre, il a dénoncé une "fable", estimant que la société Bygmalion s’était "goinfrée, sur sa campagne. "Il n'a signé aucun devis, il n'a signé aucune facture", a rappelé son avocate, qui a plaidé la relaxe.
Sarkozy déjà condamné en mars
Alors "qui a ordonné le système" de double facturation ? "Nous n'avons pas assez d'éléments pour le démontrer", a avoué le parquet. Seuls quatre prévenus ont reconnu partiellement leur responsabilité dans cette affaire. La plupart "n'ont rien vu, rien su, rien entendu, ils ont été victimes de manipulations ou ont servi de fusibles", avait moqué le procureur.
En mars, dans l'affaire dite "des écoutes", Nicolas Sarkozy était devenu le premier ancien président de la Ve République à être condamné à de la prison ferme - trois ans dont un ferme -, pour corruption et trafic d'influence. Il a fait appel.