Un jugement est attendu vendredi dans l'affaire des suicides au sein de France Telecom. L'ancien PDG Didier Lombard, son numéro deux, le DRH, et quatre autres responsables sont sur le banc des accusés aux côtés de la société, citée en tant que personne morale. En avril 2011, un salarié de l'entreprise de 57 ans se suicidait devant les locaux de France Télécom à Mérignac. Raphaël Louvradoux, son fils, partie civile dans le procès, témoigne vendredi au micro d'Europe 1.
"Un résultat possible presque ridicule"
Il parle d'abord d'un procès "long et difficile" pour "un résultat possible presque ridicule par rapport à la gravité de ce qui s'est passé." Selon lui, les peines encourues par l'ex-PDG Didier Lombard, l'ex-numéro deux Louis-Pierre Wenès et l'ex-DRH Olivier Barberot, ainsi que les quatre autres anciens responsables, sont très faibles. Les trois premiers risquent au maximum un an d'emprisonnement et 15.000 euros d'amende.
"C’est tellement faible qu’on est certains qu’ils n’iront pas en prison", assure Raphaël Louvradoux. "Quand on commet des faits aussi graves, on doit au moins risquer la prison, et puis y aller."
D'après lui, les responsables de l'époque "se sont assis autour d’une table et se sont dits 'pour dégager de l’argent, je dois virer des gens'. Combien ? 22.000. Je n’ai pas les moyens de le faire normalement, alors je vais les pousser au suicide. Et si quand on fait ça - pousser des gens au suicide pour son propre profit -, on ne va pas en prison : comment on fait ?", s'indigne-t-il.
Un procès d'exemple qui doit servir "à ce que ça s'arrête"
Raphaël Louvradoux souhaite avant tout que ce procès serve de symbole pour la suite : "Des France Télécom il y en a eu, et il y en a encore dans des entreprises privées et publiques. S’il y a ce procès, ça doit non seulement servir à ce qu’on ait des réponses, mais surtout à ce que ça s’arrête ! Et que les 'Didier Lombard' qu’il y a dans d’autres entreprises sachent qu’ils risquent quelque chose", affirme le fils de l'ancien salarié, qui souhaite "une inversion du rapport de force".
Il dénonce "des gens qui se sont présentés devant la justice détendus. Ils n'avaient pas peur, se sont permis de faire des blagues", et c'est "ce qui doit changer". Pour Raphaël Louvradoux, il est en effet question de prise de responsabilité : "Ils étaient à des hauts postes, tous dirigeants, expliquaient qu'ils avaient énormément de responsabilité dans la gestion de l'entreprise, mais dès qu'on leur reprochait quelque chose, ils n'étaient plus responsables de rien".
"S'il y a une chose que ce procès m'a appris, c'est que des gens comme Didier Lombard ne changent que s'ils y sont forcés. Et la seule chose qui les forcera à changer, c'est une condamnation."