Par petites annonces ou dans la rue, Patrica Dagorn ciblait les hommes âgés, esseulés, de préférence prénommés Robert, comme son père. Puis la séduisante quinquagénaire s'invitait dans leurs vies, simulait le grand amour sous le ciel bleu de la Côte d'Azur. Elle leur cuisinait de bons petits plats… assaisonnés au Valium.
Abus de faiblesse. Tous ses anciens compagnons racontent la même histoire : la santé qui décline subitement, la confusion qui s'installe, des pertes de connaissance… Profitant de leur faiblesse, Patricia Dagorn leur faisait alors signer des chèques, de faramineuses reconnaissances de dettes, et même des testaments en sa faveur. Certains ont mis fin à la relation juste à temps, mais deux hommes sont morts.
"Elle nous incitait à tricher à l'école". Patricia Dagorn comparait lundi matin devant les assises des Alpes-Maritimes. Le récit de son fils, Guilhem, 26 ans, ne devrait pas plaider en sa faveur. Il se souvient d'un week-end en sa compagnie à Cannes en 2011. "Elle ne voulait pas payer l'hôtel, elle me montrait tous les bateaux de luxe pour me faire croire qu'elle vivait avec plein d'argent. Elle me disait 'ne t'inquiète pas, ce n'est pas quelqu'un avec qui je partage ma vie. C'est quelqu'un de qui je suis proche seulement pour son argent'", rapporte-t-il au micro d'Europe 1. Enfant, le fils ne se rendait pas compte de ce goût prononcé pour l'escroquerie. "Elle nous incitait souvent à tricher à l'école, à voler chez nos amis. Pour moi, ce sont des preuves qui montrent son obsession", atteste-t-il aujourd'hui.
Le fils "pas étonné" par cette histoire. Guilhem l'assure : si sa mère a quelque chose en tête, "elle le fera, quoi qu'il arrive". "Quand j'ai entendu parler de cette histoire, je n'étais presque pas étonné. Quelque chose a déclenché en elle ce besoin frénétique de trouver de l'argent. Ça ne lui est jamais passé par la tête de travailler pour avoir cet argent. J'en suis même à me demander si elle n'avait pas fait toutes ses études de droit pour améliorer ses compétences en escroquerie", soutient-il.
Vénale et calculatrice. Dans leur rapport, les experts soulignent l'égoïsme, la vénalité, l'esprit calculateur et le manque de scrupules de l'empoisonneuse. Le psychiatre va même jusqu'à employer le terme de "serial killer", pointant le risque de récidive. La veuve noire a déjà été condamnée quatre fois pour abus de faiblesse et escroquerie. Depuis sa cellule, il y a deux ans, elle a écrit à un journal. Elle voulait publier une petite annonce dans la rubrique rencontres…
Procès de "l'empoisonneuse de la Riviera" à Nice : le fils accable sa mère