"Je veux être lavé de cette infamie." Offensif à la barre du tribunal correctionnel de Paris, Nicolas Sarkozy a commencé à s'"expliquer" lundi au procès dit de l'affaire des "écoutes" en contestant tout "acte de corruption". Une semaine après le réel début du procès qui pourrait le condamner à dix ans de prison et un million d'euros d'amende pour corruption et trafic d'influence, l'ex-chef de l'État, pugnace et en colère, a déroulé sa vision de l'affaire. "L'affaire du siècle", ironise le premier ancien président français à répondre physiquement d'une accusation dans un tribunal.
"Je veux la vérité des faits, la vérité du droit, je dois m'expliquer"
"Madame la présidente, permettez-moi de dire de façon solennelle que j'ai attendu ce moment depuis longtemps. Je n'ai jamais commis le moindre acte de corruption, jamais", déclare Nicolas Sarkozy, des feuilles de papier disposées sur le pupitre devant lui. Costume sombre, masque chirurgical sous le nez, l'homme de 65 ans, promet de "répondre à toutes les questions". "Moi, je veux être lavé de cette infamie, je veux la vérité des faits, la vérité du droit, je dois m'expliquer", clame-t-il solidement appuyé à la barre.
Pour rappel, Nicolas Sarkozy est soupçonné d'avoir, avec Me Thierry Herzog, tenté de corrompre Gilbert Azibert, alors en poste à la Cour de cassation. Selon l'accusation, l'ex-président cherchait à obtenir des informations couvertes par le secret, voire à peser sur une procédure engagée devant la haute juridiction liée à l'affaire Bettencourt - dans laquelle il avait obtenu un non-lieu fin 2013. En contrepartie, il aurait donné un "coup de pouce" à Gilbert Azibert pour un poste de prestige convoité par ce dernier à Monaco, mais qu'il n'a jamais obtenu.
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"Bismuth, c'est le WhatsApp de 2014"
Face aux écoutes qui l'ont mené à la barre, dont cinq ont été diffusées pendant le procès cet après-midi, l'ancien président évoque des documents "tronqués, coupés, reconstruits, qui donnent une image pervertie de la réalité. Si WhatsApp ou Telegram avaient existé en 2014, je n'aurai pas eu besoin de Bismuth", lâche-t-il en référence au nom sous lequel a été ouverte sa ligne téléphonique secrète, Paul Bismuth. Et d'abonder : "Bismuth, c'est le WhatsApp de 2014."
Se défendant avec énergie, le prédécesseur de François Hollande explique qu'il faisait confiance à son conseil qu'il qualifie de "frère". "Thierry Herzog me disait qu'il avait un vieil ami à la Cour de cassation [Gilbert Azibert, ndlr]. Je prenais ça comme ça, ni plus, ni moins." Et Nicolas Sakorzy de conclure en résumant : "l'histoire Bismuth c'est ça, un justifiable inquiet, un avocat affectueux et des écoutes."