Après une pause de quelques jours autour de la date "anniversaire", pour laisser place au recueillement, le procès des attentats du 13-Novembre a repris mardi pour son 43e jour et sa onzième semaine. La Cour d’assises spécialement composée a entendu Bernard Bajolet, l’ex-chef du renseignement extérieur qui dirigeait à l’époque la DGSE. Il est revenu sur ces attaques qu'il n'a pu éviter, et a reconnu à la barre les difficultés rencontrées par le renseignement extérieur au moment des faits.
"Trouver l'aiguille dans la botte de foin"
Le soir du 13 novembre 2015, Bernard Bajolet est "abasourdi, par l’ampleur du massacre et aussi par le fait de ne pas être parvenu à l’empêcher", a-t-il déclaré d’emblée. Oui, la DGSE avait connaissance de la menace contre la France, oui elle savait que des combattants s’entrainaient pour l’attaquer, mais non elle ne savait pas quand, qui et où l’Etat Islamique allait frapper.
En effet, le retour en Europe et en France des membres des commandos n’a pas été repéré par le renseignement extérieur. À l’époque, en Syrie, des relais téléphoniques sont coupés, et il devient difficile de traquer les cibles ou d’espionner leurs communications, a expliqué Bernard Bajolet. S'ajoute ensuite à cela le flux migratoire d’envergure qui rend impossible les contrôles. "Il faut trouver l’aiguille dans la botte de foin", a-t-il justifié.
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"Alors pourquoi ne pas infiltrer l’Etat Islamique ?", l'a interrogé une magistrate. "C’est dangereux. On le fait, mais c’est très cloisonné, vous ne savez pas ce qu’il se passe dans la cellule d’à côté", a-t-il répondu. Pour l'ancien chef de la DGSE, une chose est sûre, il y aura toujours des failles. "On n’arrivera jamais à avoir des informations exhaustives. On ne peut pas garantir que certains ne passeront pas à travers les mailles", a-t-il tranché.