Ancien juge d'instruction antiterroriste de 2006 à août 2015, Marc Trévidic a vu de près la montée du djihadisme moderne qui a conduit aux attentats de novembre 2015. Pendant près de 3h30, il a apporté à la cour un éclairage lucide sur la situation de la justice antiterroriste à cette époque et a reconnu ses erreurs. À commencer par le fait d'avoir placé Samy Amimour, futur tueur du Bataclan, sous contrôle judiciaire et non en prison, en avril 2012. À l'époque, c'est un "dossier parmi d'autres", explique honnêtement le juge.
Début 2010, "le système judiciaire antiterroriste ne fonctionne plus"
"Et puis il y a eu l'appel de la Syrie en 2013. Tout le monde est parti, je n'ai jamais vu ça, c'était l'exode total", raconte-t-il encore. La gorge serrée, le magistrat avoue qu'à ce moment-là, "le système judiciaire antiterroriste ne fonctionne plus", surchargé, sans moyens. Les "temps de réponse deviennent très très longs, on écoute des sonorisations des jours après, on est dans une situation d’insécurité totale", dit encore Marc Trévidic, qui semble revivre l'époque à la barre.
Son constat d'alors, est providentiel : "Tous les signaux sont au rouge, on n'a aucun moyen d'éviter ce qu'il se profile."
Désormais président de cours d'assises à Versailles
"Aujourd'hui, on en est où ?", demande une avocate de partie civile. "Je n'en sais rien… Les moyens sont arrivés tard, et plein de gens sont morts, c'est tout ce que je sais", affirme Marc Trévidic, aujourd'hui président de cour d'assises à Versailles, loin des affaires terroristes.