Le procès en appel d'Abdelkhader Merah, frère de l'auteur de sept assassinats en 2012, trois militaires et quatre civils, s'ouvre lundi matin, à Paris. En novembre 2017, le verdict de la cour d'assises l'avait condamné à 20 ans de réclusion pour "association de malfaiteurs à caractère terroriste". L'enjeu de ce procès en appel, pour l'accusation et les familles de victimes, est d'obtenir cette fois une condamnation plus forte.
Le "compagnonnage" des deux frères
Lors du premier verdict, les familles de victimes ont eu du mal à entendre que le frère du tueur au scooter n'ait pas écopé de la peine maximale, la perpétuité, et n'ait pas été condamné pour complicité d'assassinat. Une décision incompréhensible pour Me Patrick Klugman, avocat de la famille de trois des victimes, Gabriel, Arieh et Jonathan Sandler, "quand on connait la formation idéologique des deux frères, leur compagnonnage, le fait qu'ils se rapprochent exactement dans cette séquence-là, le fait qu'Abdelkader Merah est celui qui va fournir les instruments matériels après avoir probablement fourni les nourritures intellectuels à son frère pour commettre ces crimes, notamment évidemment le fameux scooter. Abdelkader Merah ne peut pas ne pas être le complice", tranche-t-il.
C'est aussi ce que pense Latifa Ibn Ziaten, mère d'Imad, tué le 11 mars 2012 : "C'est beau de garder le silence et de nous regarder, mais on voudrait savoir ce qui s'est exactement passé, comment il a guidé son frère et de quelle manière il l'a aidé", espère-t-elle. "C'est très important."
Les douloureux souvenirs de Latifa Ibn Ziaten
La mère du militaire, première victime du parcours macabre de Mohamed Merah, se remémore l'attitude "indigne" de l'accusé et de sa mère lors du procès de 2017. "Le premier souvenir qui m'a beaucoup marquée, c'est quand il a dit : 'J'espère que mon petit frère sera au paradis'. On ne peut souhaiter que quelqu'un qui a tué sept personnes soit au paradis, je ne pense pas. Le second souvenir, c'est quand la mère est entrée [dans la salle d'audience] et l'a salué. C'est comme s'ils étaient d'accord tous les deux, comme s'il y avait une complicité 'je suis avec toi, t'inquiète pas'. J'ai trouvé ça affreux."
"Tout ce monde-là ne voyait rien de tout ça, il faut qu'on se réveille, qu'on ne reste pas naïfs à ce point-là", veut croire Latifa Ibn Ziaten pour ce procès. En première instance, les accusations de complicité n'avaient pas convaincu les magistrats de la cour d'assises, qui avaient estimé que l'existence d'une aide matérielle apportée en toute connaissance de cause à son frère Mohamed n'était pas suffisamment démontrée. Ce sera tout l'objet de ce procès en appel, qui se tiendra jusqu'au 19 avril.