C'est la dernière ligne droite d'un procès hors-normes qui s'est ouvert le 6 mai dernier. Après neuf semaines d'audiences, c'est l'heure du réquisitoire du procureur dans le procès dit "des suicides" à France Télécom. Un moment très importants pour les victimes, leurs familles et les parties civiles.
"Il faut que le procureur arrive à leur faire dire [aux prévenus, ndlr] 'oui, on a fait une connerie'", résume Yves Minguy, ancien salarié de France Télécom qui a tenté de mettre fin à ses jours. "Ils ne pouvaient pas ne pas le voir, ne pas l’entendre", estime-t-il au micro d'Europe 1. "Moi j'ai eu des problèmes à l'été 2009, et presque un an plus tard, Rémy Louvradoux s'immole par le feu [devant un site de France Télécom en avril 2011, ndlr], ce n'est pas possible ! Ils le savaient, pourquoi ils ont laissé faire ?" se demande-t-il. Une question qui le hante depuis maintenant dix ans.
"Je n'arrive pas à comprendre pourquoi ils ont fermé les rideaux, bouchés les oreilles ? C'est ça qui me ronge depuis 10 ans et qui revient régulièrement à la surface. Moi, je veux que cela ne se reproduise plus, il faut que ça s'arrête, il faut évacuer puis tourner la page".
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De leurs côtés, les syndicats semblent satisfaits du procès. "On en a déjà obtenu un, ce qui n'était pas évident", rappelle au micro d'Europe 1 Patrick Ackermann du syndicat SUD PTT, qui a été le premier à lancer l'alerte et porter plainte contre son entreprise. "Ça a remémoré beaucoup de souvenirs douloureux, mais il a eu une vertu pédagogique assez nécessaire, on est plutôt content", estime-t-il. "Dans la première partie du procès, les prévenus faisaient preuve d'un déni vécu comme assez outrageant pour les personnes présentes dans la salle, mais là on sent un frémissement, une évolution", analyse le syndicaliste. "Ça a renforcé notre conviction de leur culpabilité, même s'il faudra sans doute attendre le mois de septembre pour le verdict".
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"Maintenant l'ensemble des fédérations syndicales et des parties civiles ont pris contact avec la direction d'Orange et demandent d'ouvrir des négociations sur la mise en place d'un fonds d'indemnisation conventionnel, pour que les victimes puissent être indemnisées et qu'on puisse enfin tourner la page". Entre 2007 et 2010, 19 personnes se sont suicidées, sans compter les tentatives et les dépressions. Les ex-dirigeants, parmi lesquels l'ex-PDG du groupe Didier Lombard, encourent un an d'emprisonnement et 15.000 euros d'amende, tandis qu'Orange, ex-France Télécom, encourt 75.000 euros d'amende.