Plusieurs rassemblements ont eu lieu cette après-midi à Lille et Paris pour dénoncer le projet de loi de "sécurité globale". Au coeur des mécontentements, l'article 24 du texte qui a été adopté vendredi par l'Assemblée nationale. Celui-ci prévoit une sanction pénale en cas de diffusion malveillante d'images des forces de l'ordre. Selon le gouvernement, l'article ne doit pas porter préjudice au droit d'informer, mais de nombreux syndicats, journalistes et autres de collectifs de défense des droits de l'homme ont critiqué cette vision, samedi, place du Trocadéro à Paris.
"Si on ne peut plus les filmer, c'est la porte ouverte à toutes les dérives"
La manifestation semble même avoir fédéré bien au-delà dans la capitale. Sur la place bondée, on retrouve bien sûr des syndicats de journalistes, mais aussi d'étudiants, ainsi que des mouvements écologistes et des gilets jaunes. C'est le cas de Nicolas, un habitué des manifestations. Pour lui, le droit de filmer les forces de l'ordre est fondamental. "Si on ne peut plus les filmer, c'est la porte ouverte à toutes les dérives ; les dérives de policiers qui prennent un malin plaisir à taper les gens pour un oui ou pour un non", estime-t-il au micro d'Europe 1. "On voit depuis des années qu'il y a des actes absolument répréhensibles de la part de certains policiers."
Les forces de l'ordre ont fait usage de canons à eau
De son côté, Florence est, elle, venue soutenir les journalistes en cette après-midi. "Si le travail des journalistes n'est pas possible, c'est une vraie atteinte aux droits fondamentaux ! Aux droits de savoir ce qui se passe et par d'autres canaux qui ne sont pas que des canaux officiels", regrette-t-elle. L'article 24, tel qu'il a été voté vendredi, prévoit que la volonté de nuire soit manifeste pour que des images de policiers soient pénalisées. Mais cet amendement est un écran de fumée, car source à interprétations, pour ces manifestants qui demandent le retrait du projet de loi.
Aux alentours de 17 heures, après l'ordre de dispersion diffusé par les forces de l'ordre, la tension est peu à peu montée sur la place parisienne. Des poubelles ont été incendiées et une petite dizaine de manifestants ont jeté des projectiles sur les forces de l'ordre qui ont répliqué en faisant usage de canons à eau et en chargeant, a constaté un journaliste de l'AFP. À 19h45, les forces de l'ordre avaient procédé à 23 interpellations, selon la préfecture de police de Paris. Un policier a été légèrement blessé par un jet de projectile selon cette même source.