Protection des intérêts vitaux, frappe préventive... Que dit la doctrine nucléaire française ?
L'arsenal nucléaire français va-t-il bientôt protéger toute l'Europe ? La question se pose face au changement de position des États-Unis. Emmanuel Macron s'est dit ouvert à la discussion sur le sujet. Mais comment fonctionne la doctrine nucléaire française actuellement ? Europe 1 fait le point.
La France va-t-elle élargir son parapluie nucléaire à d'autres pays européens ? Emmanuel Macron a récemment ouvert le débat sur le sujet, sur fond de changement de position des États-Unis, notamment sur l'engagement de Washington en Europe.
Tout juste élu, le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz a estimé qu'il faudra compter sur la France et le Royaume-Uni pour continuer à disposer d'un parapluie nucléaire. Actuellement, seul Paris et Londres possèdent l'arme nucléaire sur le sol européen. Mais cette demande pourrait contrevenir à la doctrine nucléaire française.
Car jusqu'à présent, la doctrine de l'Hexagone est claire : l'arsenal nucléaire doit "protéger la France et les Français contre toute menace d'origine étatique contre nos intérêts vitaux, d'où qu'elle vienne et quelle qu'en soit la forme", confirmait Emmanuel Macron le 7 février 2020.
Un arsenal basé sur deux composantes
Actuellement, la dissuasion nucléaire a une vocation exclusivement défensive et repose sur le principe de stricte suffisance. Mais cette dissuasion s'exerce en permanence, souligne le gouvernement, notamment en se reposant sur une composante océanique et une composante aérienne. Ainsi, deux escadrons de Rafale peuvent transporter des ogives nucléaires par les airs depuis la France, le tout appuyé par 14 avions ravitailleurs qui augmentent considérablement la distance que peuvent parcourir les avions.
La composante océanique se compose de quatre sous-marins, dotés chacun de 16 missiles balistiques, d'une portée d'environ 10.000 kilomètres. Si les bases de la doctrine nucléaire ont été posées sous le général de Gaulle, la doctrine dans sa forme actuelle découle de François Mitterrand.
Vers une modification profonde de la doctrine ?
Depuis le quatrième président de la Cinquième République, la dissuasion nucléaire ne protège que les intérêts vitaux de la France. Si un adversaire se méprend sur la définition des intérêts vitaux français, alors l'Hexagone se réserve le droit de délivrer un ultime avertissement par le moyen d'une frappe unique sur le territoire adverse, pour tenter de faire cesser toute agression. Un point qui diffère d'autres doctrines nucléaires.
Reste à savoir quelles conséquences aurait l'élargissement du parapluie nucléaire français sur la doctrine de l'Hexagone et dans quel cadre se ferait ce déploiement, notamment si l'Union européenne souhaite prendre de la distance avec les États-Unis.
