Un département en rouge sur la carte de la sécheresse. La quasi totalité des Pyrénées-Orientales passe en situation de crise ce mercredi matin, le plus haut niveau d'alerte face à un épisode historique inédit. Mardi soir, le préfet a renforcé les restrictions, demandant un effort collectif de la part des particuliers. Interdiction de remplir sa piscine, d'arroser son jardin ou les terrains de sport... Les agriculteurs devront eux aussi limiter l'irrigation des cultures, mais risquent très gros.
"On arrive maintenant à la période cruciale"
"On est à 67 mm de précipitations depuis le 1er janvier, c'est rien du tout", s'alarme Joseph Sirach. L'arboriculteur a déjà perdu un tiers de sa production d'abricots. Le cours d'eau qui les alimente est à sec. Sur d'autres parcelles, il arrosait jusqu'à aujourd'hui deux jours par semaine et voit mal comment réduire encore les prélèvements. "Réduire ce qui est déjà réduit, ça risque d'être vraiment très, très compliqué. Surtout qu'on arrive maintenant à la période cruciale au niveau de l'abricot. Le fruit, lui, tire sur l'arbre, donc si on n'arrive pas à lui fournir l'eau qu'il veut, il faut faire tomber le fruit, au moins pour sauver l'arbre", détaille l'exploitant.
Pierre, son frère, s'occupe de la récolte des artichauts qui, à cause du manque d'eau, a déjà pris un mois et demi de retard. D'ici la fin de la semaine, il sait que tout ce qui ne sera pas cueilli, sera perdu. "On va essayer de sauver les meubles en cueillant mais s'il ne pleut pas, les artichauts vont s'ouvrir et se perdre. C'est-à-dire que la moitié de la récolte sera foutu", s'inquiète-t-il.
Des mesures de restriction jusqu'au 13 juin
"Après, c'est sûr qu'on se posera la question pour l'an prochain, si on n'a pas assez d'eau ça sert à rien de le faire revenir", ajoute Pierre. En visite dans le département samedi, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a promis des aides et des reports de cotisations sociales pour les agriculteurs concernés.
Le préfet des Pyrénées-Orientales, Rodrigue Furcy, a précisé lors d'une conférence de presse ce mercredi que les mesures seront appliquées jusqu'au 13 juin. D'ici là, il promet "travailler sur la gestion de crise". "On va travailler sur l'évaluation de la situation. Il peut pleuvoir, on l'espère évidemment, et il peut y avoir des évolutions dans la situation sur le niveau des nappes, sur le niveau des cours d'eau, sur la sécheresse des sols", a-t-il indiqué, précisant qu'une nouvelle évaluation des niveaux d'eau sera effectuée.