Tout était réuni pour que la journée de mobilisation de mardi contre la réforme du code du travail soit un véritable flop. Un temps maussade, virant à la pluie dans de nombreuses villes de France, dont Paris. Un front syndical éclaté, que le président de la République est parvenu à désunir avec l’absence de FO et de la CFDT. Et un déplacement simultané du chef de l’État dans les Antilles, pour y évoquer les désastres causés par le passage de l’ouragan Irma, qui aurait pu détourner l’attention médiatique. Malgré tous ces éléments, la première journée de contestation sociale du quinquennat s’est révélée plutôt réussie pour les syndicats mobilisés mardi, avec 400.000 manifestants au niveau national, selon les chiffres de la CGT, 223.000 personnes, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.
Les forains mobilisés. Si les premières perturbations ont eu lieu lundi soir, la mobilisation a véritablement débuté aux aurores, lorsque des forains ont bloqué plusieurs endroits de la capitale, à l’image de la place de la Concorde et celle de l’Étoile. Dans le même temps, de nombreux usagers des transports en commun de la banlieue parisienne ont subi l’impact des grèves. "Il n'y a pas de transports, pour aller au boulot c'est la galère. On attend Gare du Nord depuis au moins une demi-heure", expliquait à 7h30 Toufik, usager du RER B, la ligne la plus touchée par ces perturbations. Dans l’ensemble, les retards et les annulations diverses n’ont pas "paralysé" la France sauf en quelques endroits comme à Nice, où bus et tramways n’avaient pas connu un blocage total depuis 2006.
De nombreuses pancartes "fainéants". Les premières des 180 manifestations organisées par la CGT, Solidaires et la FSU (entre autres) ont ensuite démarré en milieu de matinée. Le Havre, Rennes, Nice… Avant le début de la manifestation parisienne, la CGT s’est félicitée d’une journée "réussie" avec "plus de 100.000 manifestants" en régions à la mi-journée. En parallèle, plusieurs lycées parisiens ont été bloqués par de jeunes militants soutenus par l’Unef, syndicat étudiant. "On appelle les jeunes à se mobiliser car cette nouvelle loi Travail va nous précariser durablement", avait prévenu un peu plus tôt sa présidente, Lilâ Le Bas, sur Europe 1.
Malgré quelques gouttes, le coeur y était dans la foule qui s’est élancée de la place de la Bastille à 14 heures. Présence de clowns, musique… Le cortège a démarré son défilé dans la bonne humeur, marqué par la récurrence du mot "fainéant" : les manifestants ont tourné en dérision la déclaration polémique d’Emmanuel Macron dans leurs slogans et sur leurs pancartes.
Le mot du jour : fainéant. #merciMacron#grève12septembrepic.twitter.com/FwZTotBt44
— Chabrout Julien (@JulienChabrout) 12 septembre 2017
Au bout d’une heure, quelques dégradations sont néanmoins intervenues le long du boulevard de l’Hôpital, dans le 13ème arrondissement : abribus et banques ont été attaqués. Mais les tensions ont éclaté un peu avant 16 heures lorsque "300 individus cagoulés" (selon la préfecture) ont décidé de jeter des projectiles sur des forces de l’ordre, lesquels ont répondu par l’utilisation de gaz lacrymogènes. Bilan : trois interpellations et un manifestant légèrement blessé emmené à l’hôpital.
Incidents à Nantes et Lyon. Des incidents qui font écho à ceux observés à Lyon un peu plus tôt : vers 13 heures, Le Progrès a rapporté "des jeunes arrêtés". Nasse de certains manifestants, utilisation de gaz lacrymogènes par la police… Une certaine confusion régnait autour de la rétention observée par le quotidien lyonnais de plusieurs membres du cortège, avec deux personnes gardées à vue. La situation s’est apaisée par la suite. La fin d’après-midi fut en revanche plus tendue à Nantes, où 1.000 personnes ont continué à manifester après la fin du défilé, selon les autorités. Trois personnes ont été interpellées lors de ces heurts. Dans l’ensemble, pourtant, les dégâts causés par cette journée de mobilisation ont été marginaux, moins nombreux que lors de certaines manifestations contre la loi El Khomri, au printemps 2016.
Prochaine journée de mobilisation jeudi 21 septembre. L’affluence nationale n’a pas atteint le niveau des plus fortes journées de mobilisation du printemps de l’année dernière, quand la CGT était accompagnée des autres syndicats qui annonçaient plus d’un million de manifestants sur le territoire. Mais la centrale syndicale reste satisfaite : "C’est une bonne première", s’est félicité Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, sur Europe 1, mardi soir. Lequel se tourne déjà vers la prochaine journée de mobilisation, jeudi 21 septembre, veille de l’adoption définitive des ordonnances en Conseil des ministres.
#Grève12septembre : "C'est une très bonne journée pour le monde du travail" pour Philippe Martinez #HondelatteRacontepic.twitter.com/x3hluXRmVf
— Hondelatte Raconte (@E1Hondelatte) 12 septembre 2017