Que sait-on de l'attaque d'un commissariat de Champigny-sur-Marne ?

Le commissariat de Champigny-sur-Marne a été attaqué par une quarantaine de personnes dans la nuit de samedi à dimanche.
Le commissariat de Champigny-sur-Marne a été attaqué par une quarantaine de personnes dans la nuit de samedi à dimanche. © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
  • Copié
Europe 1 avec AFP , modifié à
Le commissariat de Champigny-sur-Marne a été assailli par une quarantaine de personnes dans la nuit de samedi à dimanche, et la cible de tirs de mortier. Cette attaque, qui n'a pas fait de blessés, soulève la colère des policiers mais aussi de la droite, qui réclame une réponse ferme de la part de l'exécutif.
DÉCRYPTAGE

Une quarantaine de personnes se sont attaquées samedi soir au commissariat de Champigny-sur-Marne, aux portes de Paris, avec des tirs de mortiers d'artifice, sans faire de blessés. Plusieurs véhicules ont également été détériorés. Ce commissariat avait déjà été pris pour cible en avril. Cette attaque, au cœur d'une Zone de sécurité prioritaire, a déclenché un vif émoi chez les policiers et les foudres de l'opposition de droite qui appelle le gouvernement à davantage de fermeté. Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieure, a promis de se rendre sur place.

Que s’est-il passé au commissariat de Champigny-sur-Marne ?

Les incidents ont débuté peu avant minuit et se sont achevés une heure plus tard. Deux agents étaient devant le commissariat en train de fumer lorsqu'une quarantaine de personnes, visage dissimulé et armés de barres de fer, sont arrivés, cassant notamment des vitres de véhicules de police et la porte vitrée de l'entrée, selon une source policière. Les deux fonctionnaires ont pu se mettre à l'abri dans le sas de sécurité de l'entrée du commissariat, situé au cœur de la cité de Bois-L'Abbé, l'un des trois quartiers en Zone de sécurité prioritaire de cette ville proche du bois de Vincennes.

Une enquête de flagrance, désormais confiée à la Sûreté territoriale du Val-de-Marne, a été ouverte pour "violences en réunion avec arme sur personnes dépositaire de l'autorité publique" et "dégradations de biens publics et de biens privés", a précisé le parquet de Créteil, indiquant que parmi les véhicules endommagés figuraient deux voitures de police. Ce même commissariat avait déjà été la cible d’une attaque en avril. Aucune interpellation n'a eu lieu jusque-là, a indiqué le parquet de Créteil dimanche milieu de journée, précisant que les bandes de vidéosurveillance étaient "en cours d'exploitation".

 

Connait-on les raisons de cette attaque ?

Cette attaque survient après celle, très violente, dont ont été victimes deux policiers passés à tabac et blessés par balle mercredi soir dans le Val-d'Oise alors qu'ils étaient en mission. D'après une source proche de l'enquête, le policier le plus gravement blessé est dans un état stable mais toujours en coma artificiel.

Exprimant son "soutien total" aux policiers, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a semblé lier dans un tweet les échauffourés de Champigny au trafic de drogues parlant des "petits caïds" qui "n'impressionnent personne et ne découragent pas notre travail contre les stupéfiants". Le locataire de la place Beauvau était attendu sur place dimanche soir, mais à laissé entendre dans un tweet qu'il effectuerait se déplacement plus tard afin de ne pas gêner le travail des enquêteurs.

"On a affaire à des délinquants qui veulent en découdre avec la police. C'était un objectif de casser du flic et rien d'autre", a estimé sur Europe 1 Laurent Jeanne, le maire divers droite de la ville francilienne. Cette attaque pourrait faire suite à une interpellation qui a mal tourné en début de semaine, selon un riverain interrogé par Europe 1. "Ils ont cartonné un mec, un petit jeune du quartier, ils lui ont foncé dedans", a-t-il expliqué "Ils lui ont cassé le fémur, il est encore à l'hôpital", a-t-il encore indiqué. "On a essayé d'apaiser le climat ces derniers jours et organisé des réunions entre des jeunes et la police. Les délinquants créent une tension, exacerbée sur les réseaux sociaux", a encore expliqué le maire de la ville sur Europe 1.

 

Comment a réagi la classe politique ?

Le président du conseil départemental Christian Favier (PCF) a demandé la création d'un second commissariat dans la ville, déplorant dans un communiqué que "depuis le mois de juillet et l'incendie volontaire (d'un) gymnase, Champigny ait connu "plusieurs autres événements particulièrement inquiétants". Le syndicat Alliance a dénoncé cette attaque. "Il est grand temps que le gouvernement se saisisse des violences commises contre les forces de l'ordre (...) Plus personne ne respecte les forces de l'ordre", a réagi son délégué général, Frédéric Lagache.

Sur la même ligne, l'opposition de droite dénonce ces attaques contre la police et demande une réaction forte du gouvernement. "Ces scènes de guerre sont intolérables", pour Valérie Pécresse, présidente LR de la région Ile-de-France. "Stop à l'impunité et à la haine anti flics !", a réagi le député LR Eric Ciotti (LR). Invité du Grand Rendez-vous sur Europe 1 dimanche, l’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a parlé d’"un incident gravissime commis par des vandales". Il propose notamment de mettre en place des peines planchers "dès le premier acte commis à l’égard des dépositaires de l’autorité publique".