Valérie Pécresse, président de la région Ile-de-France, et Guillaume Pépy, président de la SNCF, ont fait le déplacement mercredi matin à la gare Saint-Lazare. La raison de leur visite : l’installation de nouveaux portiques de sécurité et anti-fraude dans la célèbre gare parisienne. Cela fait trois ans que ces portails ont pour la première fois été installés, à la gare Montparnasse en l’occurrence, quelques mois après l’attaque du Thalys, en août 2015. Europe 1 a mené l’enquête pour voir sir la double promesse de sécurité et de fluidité a été tenue.
"Une baisse de la fraude"…
Sur le premier point, l’aspect semble positif, puisqu’il n’y a plus eu d’attaques de train depuis celle du Thalys. Au total, 358 portiques sont actuellement en fonctionnement dans les 14 plus grandes gares françaises. Mais la sécurité, ce sont aussi les incivilités à bord des trains, causées à 60% par des personnes sans titre de transports, d'où cette volonté de lutter aussi contre la fraude.
Sur le plan économique, chaque année, c’est un manque à gagner de 300 millions d’euros, tout de même, pour la SNCF. Et les portiques permettraient de faire baisser la facture. "Le constat qu’on fait à chaque fois qu’on équipe une gare en portiques, c’est une augmentation du chiffre d’affaires de la gare", assure ainsi Alain Krakovitch, directeur général de SNCF Transilien. "Alors c’est évidemment très, très variable d’une gare à l’autre, c’est pour cela que c’est toujours difficile d’avoir des chiffres là-dessus. Ça veut dire une baisse de la fraude, et plus de gens qui vont acheter leur billet."
…Mais un nouveau type de fraude
L’efficacité réelle reste à mesurer donc, mais la SNCF espère que les nouveaux portiques, ceux inaugurés mercredi à Saint-Lazare, permettront un peu plus d’endiguer la fraude. Ces nouveaux appareils sont conçus pour le "Mass transit", les très importants flux de passagers aux heures de pointe. 50.000 personnes par heure à Saint-Lazare empruntent le réseau des trains de banlieue. Les tests réalisés cet été ont démontré que 37 personnes par minute pouvaient passer les portiques, c'est 2 fois plus que pour les portiques TGV.
Ces dispositifs permettront aussi de mieux lutter contre la fraude, en repérant des anomalies comme par exemple un homme qui mesure 1m90 et valide un billet tarif enfant. Un voyant s'allumera et le personnel présent pourra intervenir. C'est précisément ce type de fraude qui s'est développé avec l'arrivée des portiques. "La fraude zéro n’existera jamais, elle s’adaptera toujours. Comme pour passer le portique il faut un titre de transport, certains qui montaient sans titre de transport finissent par prendre un billet le moins cher possible, avec une réduction. Et peuvent monter à bord puisque le portique les a laissés rentrer", raconte Stéphane, chef de bord sur des TGV Atlantique. "Là, le contrôle reste nécessaire pour ce genre de fraude."
"Une masse de gens qui s’agglutinent devant le portique"
Côté passagers, les portiques sont loin de faire l’unanimité. "Il y a toujours le stress, tout le monde qui cherche sa carte et son billet avant de passer le portique", peste ainsi Justine, croisée à la gare Montparnasse, là où les premiers portiques ont été installés. "J’ai plus souvent été ennuyée parce qu’il y avait une masse de gens qui s’agglutinent devant le portique. Même si j’étais en avance, c’est toujours galère. Pour accéder au final à son wagon. C’est l’automatisation de la déshumanisation, moi ça me gêne beaucoup", conclut la jeune femme.
Et pour d'autres évidemment, c'est devenu une habitude... les passagers anticipent pour éviter la très désagréable scène du train qui est encore sur le quai, mais à 2 minutes du départ, le portique se bloque, impossible de passer. C’est évidemment énervant pour les concernés, mais côté SNCF, cela permet de faire partir plus de trains à l'heure : la régularité a augmenté de 5 points dans les 14 gares françaises qui sont équipées de portiques.