Comme chaque année, les données seront scrutés de près par les parents d'élèves et les équipes pédagogiques des lycées eux-mêmes. Mercredi, les équipes de la Direction de l'évaluation, la prospective et la performance (Depp) du ministère de l'Education nationale compare les 4.300 lycées généraux, technologiques et professionnels de l'Hexagone, publics et privés sous contrat - le ministère propose un moteur de recherche, et pas un "classement" à proprement parler. Europe 1 fait le point sur les différents critères retenus - ou non -, et leur pertinence.
Le taux de réussite au bac
Critiqué pour son caractère réducteur, l'élément statistique par excellence entre toujours dans le calcul de la Depp. Il reste un enjeu pour le ministère, qui souligne que si la proportion de bacheliers dans une classe d'âge a beaucoup augmenté en trente ans, le taux de réussite diffère encore selon l'origine sociale, le sexe et le territoire. Le moteur de recherche propose donc d'affiner la consultation des chiffres par ville ou par département, afin que les comparaisons soient les plus pertinentes possibles. A noter que sur ce point, les écarts entre les établissements peuvent se creuser rapidement en cas d'effectifs réduits : l'échec d'un élève à l'examen pèsera davantage sur les statistiques d'un "petit" lycée.
Les "facteurs extérieurs" intégrés au calcul
Quid des critères qui ne dépendent pas du lycée, comme le niveau scolaire à l'entrée en seconde, ou l'origine sociale des élèves ? Pour en tenir compte, la Depp calcule des taux "attendus" au vu des profils des lycéens, puis les compare aux taux constatés. La différence entre les deux donne la "valeur ajoutée" de l'établissement, positive ou négative. "Le taux de succès d'un lycée dépend fortement des caractéristiques de ses élèves, au moins autant que de la qualité de l'enseignement qui y est dispensé", précise le ministère à Franceinfo.
Les mentions
Deuxième critère retenu par la Depp : la part de bacheliers avec mention parmi ceux ayant passé l'examen. Toujours "purement" statistique, cet élément vient s'ajouter au premier et permet de "repérer" les lycées innovants. Le lycée professionnel Jean-Drouant est par exemple l'un des nombreux établissements parisiens à présenter un excellent taux de réussite au bac (98%). Mais il se distingue particulièrement lorsque l'on examine son taux de mentions (69%), soit 27 points de plus que celui attendu par le ministère au vu de l'origine sociale de ses élèves. Interrogée par l'AFP, l'équipe pédagogique de l'établissement décrit les "mini-stages" mis en place pour conforter le choix des élèves de troisième susceptibles de s'inscrire, mais aussi les points réguliers pour repérer les adolescents démotivés tout au long des années lycée.
L'accompagnement des élèves
Sur le site du ministère, outre la réussite au bac et les mentions, un troisième tableau présente le "taux d'accès de la seconde, de la première et de la terminale" jusqu'au baccalauréat. Concrètement, cela correspond à la capacité à accompagner les élèves jusqu'à l'examen, même s'ils redoublent, par exemple. Le but : débusquer les établissements affichant 100% de réussite ou presque en s'étant "débarrassé" de ses élèves les plus faibles au fil des années. Ce critère présente cependant un biais, relevé par Le Monde : celui de défavoriser les établissements présentant moins de choix de filières et d'options, susceptibles d'être quittés par un plus grand nombre d'élèves, quelles que soient les mesures d'accompagnement mises en place.
La bienveillance et l'après-lycée
Interrogés à l'occasion de la parution de ces chiffres, les responsables pédagogiques de la plupart des établissements tendent à les relativiser… qu'ils leurs soient favorables ou non. Didier Rys, proviseur du lycée Vauban d'Aire-sur-la-Lys, près de Béthune, dans le Pas-de-Calais, estime par exemple que "ce classement ne dit pas tout", malgré les très bons résultats de son établissement cette année. "Il suffit qu'on ait eu une promotion avec quelques élèves qui sont en réorientation, ou des phénomènes d'absentéisme, et on a des chiffres qui descendent", rappelle-t-il auprès d'Europe 1. "Il manque aussi la suite du parcours : le bac est une étape, après il y a Parcoursup, là où on prépare vraiment nos jeunes à l'enseignement supérieur".
Plus généralement, "un bon lycée est un établissement où l'on est heureux, où l'élève peut s'épanouir dans un environnement bienveillant", note auprès de l'Étudiant Rodrigo Arenas, président de la FCPE. Qu'est-ce, alors, qu'un lycée "bienveillant" ? "Un endroit où les professeurs ne punissent pas l'élève en cas de mauvaise note, où il n'y a pas de harcèlement de la part des adultes ou des camarades de classe", estime le responsable syndical. Interrogé par France Bleu Limousin, le proviseur d'un lycée de Tulle renchérit : "L'important est de toujours trouver des adultes qui vont vous redonner confiance en vous, et vous permettre de repartir, d'être épanoui quelques années après." Pour avoir une vision globale d'un établissement, les professionnels recommandent donc d'échanger avec les enseignants et élèves s'y trouvant déjà, par l'exemple à l'occasion de journées portes ouvertes.