Ce lundi soir, une heure après son allocution sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron s’est baladé dans les rues de Paris en compagnie de son épouse et de son service de sécurité. Le président de la République a été interpellé par un groupe de jeunes gens qui lui a demandé d’entonner un chant pyrénéen : "le Refuge" d’Edmond Duplan. La vidéo du chef de l’État poussant la chansonnette a été publiée une première fois sur le compte Facebook du "Projet Canto", le nom d’une organisation et d’une application de chants traditionnels. "Il n’y a que la mafia et le Projet Canto pour faire chanter le chef d’État", peut-on lire en description de la vidéo.
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"Canto est une association soutenue par le ministère de la Culture"
Sur un post Instagram, l'organisme dévoile l’identité des personnes présentes aux côtés du le président de la République sur la vidéo. Il s’agirait d’hommes du chœur de Saint-Longin qui "chantent régulièrement leur foi à travers un répertoire sacré, leur amour du pays par des chants régionaux et leur amitié lorsque le spirituel cède sa place au spiritueux".
"Nous sommes très heureux de voir que cette chorale utilise l’application Canto. Nous sommes très heureux également que le Président de la République se soit servi de notre application. Canto est une association soutenue par le ministère de la Culture. Elle met à disposition de tous les utilisateurs une application "carnet de chant" qui recense tous les chants populaires de France, des comptines pour enfants aux chansons grivoises, en passant par les chants régionaux et les traditionnels chants de veillée", rapportent les créateurs de Canto sur leur compte Facebook. En effet, l’application a reçu 40.000 euros de subventions publiques en 2022.
Des chants de l'Allemagne nazie
Jusque-là, rien de problématique. Sauf qu’en octobre 2022, Libération rapporte que parmi les 1.700 chansons disponibles sur l’application, plusieurs sont des chansons apparentées à l'extrême droite. On y retrouve l’hymne de la Phalange espagnole, Miguel Primo de Rivera, ancien président du Directoire militaire d’Espagne, et des chants de l’Allemagne nazie. Selon le collectif La Horde, le fondateur de Canto, Charles Dor, est issu de la droite radicale et serait, selon le collectif antifasciste, passé dans les rangs du GUD.
Sa proximité avec l’extrême droite, Charles Dor s’en défendait récemment dans les colonnes d'Ouest-France : "Mais c’était il y a 20 ans, on veut me le faire payer. Canto repose sur trois piliers. D’abord, sauvegarder ce dont on hérite. On ne veut pas que cette culture populaire s’éteigne. Ensuite, faire vivre ce patrimoine. Et enfin, le transmettre. Dès qu’on s’intéresse aux chants populaires et traditionnels, on passe pour un beauf". Un conseiller de l'exécutif a souligné qu'Emmanuel Macron ne pouvait pas connaître tous les antécédents des personnes avec qui il chantait.