La France serait-elle trop attractive ? Emmanuel Macron a accordé mercredi matin un entretien exclusif à Europe 1 sur le thème de l'immigration. Le président de la République a notamment abordé l'épineuse question de l'Aide médicale d'Etat (AME), assurant que la France attirait de plus en plus de personnes venues "se faire soigner en France". Si le chef de l'Etat estime qu'il "serait ridicule" de la supprimer, il entend la réformer : "il faut un débat pour regarder ce qu'on fait par rapport à notre voisin et est-ce qu'on rembourse à 100% tout ce qui est nécessaire d'être remboursé et est-ce qu'il n'y a pas parfois, un peu, des excès". Qui sont les bénéficiaires de l'AME ? A quoi sert cette aide ? Pour quel budget. Nous faisons le point.
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Créée en 2000, l'Aide médicale d'Etat, permet aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d'un accès aux soins. Les bénéficiaires doivent toutefois respecter des conditions strictes : résider en France de manière ininterrompue depuis plus de 3 mois et percevoir des ressources ne dépassant pas un certain plafond. Ainsi, une personne seule vivant en métropole ne doit pas toucher plus de 8951 euros par an.
Il existe trois types d'aides : l'AME de droit commun, l'AME "soins urgents" et l'AME humanitaire. Cette aide prend en charge les soins à 100% du plafond de la sécurité sociale, excluant donc le financement de prothèses dentaires ou d'appareils auditifs, par exemple. L'AME représente un budget d'un milliard d'euros chaque année à destination de ses 300 000 bénéficiaires. 70% des dépenses relèvent de soins à l'hôpital pour des maladies telles que la tuberculose, le SIDA ou encore le suivi de femmes enceintes. Le reste, un tiers donc, est consacré à la médecine de ville, c'est-à-dire à des consultations ou des ordonnances pour des médicaments.
Pourquoi le budget a-t-il augmenté ?
En 10 ans, le budget de l'AME a doublé, passant de 500 millions à un milliard d'euros. La première explication vient du nombre de bénéficiaires puisqu'il est passé de 200 000 à 300 000 actuellement. Ensuite, les exilés arrivent dans des états de plus en plus dégradés ce qui demande des traitements plus coûteux, comme l'explique Christophe Sirugue, ex-député PS et auteur de deux rapports sur le sujet. "Les migrants arrivent avec des pathologies infectieuses que nous n'avions plus sur notre territoire, des maladies que nous pensions avoir éradiqué, a-t-il expliqué au micro d'Europe 1 la semaine dernière. Nous n'avons donc plus les réflexes nécessaires. En premier lieu, il faut identifier les maladies et ensuite relancer des traitements. Mais, comme nous avons tardé, le coût des traitements est plus important".
Quant à la fraude, rien ne prouve jusqu'ici qu'elle soit responsable de l'explosion du budget. Deux rapports parlementaires et un rapport de l'Inspection Générale des Affaires sociales se sont penchés sur le sujet sans parvenir à démontrer un lien de causalité entre les deux. Le gouvernement a demandé un nouveau rapport à l'IGAS pour le mois d'octobre.
Que veut faire Emmanuel Macron ?
Une chose est certaine : il n'est pas question de supprimer cette aide. Tous les experts estiment, en effet, que la supprimer reviendrait, en réalité, plus cher à la Sécurité Sociale à cause de la propagation des maladies. Le président parle donc plutôt d'ajustements, laissant entendre qu'il pourrait toucher au panier des soins. Ce qui reviendrait à ne plus rembourser les soins à 100%.