Le Sénat cachait-il sans le savoir un espion de la Corée du Nord ? L'émission Quotidien l'a révélé lundi soir : un fonctionnaire de la chambre haute a été arrêté dimanche soir par la DGSI. Il est suspecté d'avoir transmis des informations au régime de Kim Jong-un. Mais qui est vraiment Benoît Quennedey, le haut fonctionnaire visé par ces soupçons d'espionnage ?
"On est complètement sidérés". Aujourd'hui, Benoît Quennedey est administrateur au Sénat, rattaché à la direction de l'architecture et des jardins. Mais c'est bien sa passion pour les Corées qui a fait parler de lui : président de l'Association d'amitié franco-coréenne, il s'est rendu à plusieurs reprises à Pyongyang, comme en septembre dernier, invité pour le 70ème anniversaire du régime. "Le but est de développer les échanges et les relations franco-coréennes", déclarait-il alors.
Benoît Quennedey est soupçonné d'avoir tenté de délivrer des informations jugées ultra-sensibles et d'être un espion pour à la Corée du Nord, pays pour lequel il apparaît très sympathique. @azzahmedchaouch#Quotidienpic.twitter.com/TfeXly6Zo9
— Quotidien (@Qofficiel) 26 novembre 2018
"On est tous complètement sidérés", réagit auprès d'Europe 1 la mère du haut fonctionnaire, Brigitte Quennedey, qui était sans nouvelle de son fils depuis dimanche soir, lorsqu'elle l'a laissé à la gare de Dijon, après un week-end passé en famille. C'est une fois rentré à Paris qu'il s'est fait arrêter. "Je le connais comme on peut connaître un enfant : c'est quelqu'un de très réservé. Il est jeté en pâture alors qu'on ne sait toujours pas le pourquoi du comment", déplore Brigitte Quennedey.
Un livre contre la "désinformation" sur la Corée du Nord. Benoît Quennedey avait publié l'an dernier La Corée du Nord, cette inconnue, un ouvrage à la quatrième de couverture plutôt conciliante avec le régime de Pyongyang : "Rarement les informations sur un pays donnent lieu à un tel traitement médiatique, où se conjuguent trop souvent anticommunisme relevant de la philosophie de comptoir, lourdes erreurs factuelles et désinformation délibérée", est-il notamment écrit. "Disposant ainsi d’éléments d’analyse, chacun pourra se forger sa propre opinion pour comprendre pourquoi l’État le plus sanctionné au monde ne s’est pas effondré, contredisant les prédictions formulées depuis un quart de siècle par nombre d’'experts' de la question nord-coréenne", poursuit le texte, alors que nombre d'ONG rappellent régulièrement les entraves aux droits de l'Homme dans un pays en quasi-autarcie.
Des arguments "grotesques" contre lui ? Le haut fonctionnaire était régulièrement invité de la chaîne pro-russe RT France, qui le présentait comme "expert en relations internationales", la dernière fois remontant à vendredi. "Il travaille très consciencieusement et fait partie des plus jeunes connaisseurs de la Corée", juge Dominique Mazuet, libraire dans le 14ème arrondissement, qui a lui aussi publié deux ouvrages aux éditions Delga et avait accueilli Benoît Quennedey pour une conférence en septembre 2017. "Il aurait donc transmis des documents ?", s'étrangle-t-il. "Les arguments sont aussi ridicules que le fait qu'il ait fait des voyages en Corée. C'est grotesque." Lundi soir, c'est dans cette librairie, qui soutient les thèses de Benoît Quennedey, que les proches du haut fonctionnaire se sont réunis en urgence pour tenter de lui venir en aide.