Le CV de Véronique Bédague pourrait tenir sur tout un paragraphe : Sciences Po, l'ESSEC, l'ENA, un premier poste d'économiste au sein du FMI, un passage cabinet de Florence Parly, alors secrétaire d'Etat au budget, puis à la mairie de Paris, directrice des finances, secrétaire générale avec 50.000 agents sous ses ordres.
Véronique Bédague passe trois ans à Washington, auxquels elle met fin lorsqu’on lui demande de partir en Géorgie, alors que son fils n’a que 6 mois. Elle refuse. "C’est une demande qui ne pourrait plus exister aujourd’hui", confie-t-elle à Europe 1. De retour à Paris, tout s’enchaîne. Au bout de trois années passées à Bercy, Florence Parly - alors secrétaire d’Etat au budget - lui propose de rejoindre son cabinet.
"Les femmes, il faut juste aller les chercher !"
Elle prendra ensuite la direction des finances de la mairie de Paris, sous Bertrand Delanoë. Mairie de Paris dont elle deviendra, sous la deuxième mandature, secrétaire générale. Véronique Bédague a alors 50.000 agents sous ses ordres.
Au moment de constituer son équipe, Véronique Bédague ne reçoit quasiment que des CV d’hommes. Elle réalise l’ampleur du phénomène d'autocensure chez les femmes. "On dit toujours qu’il n’y a pas de femmes pour ce genre de postes. Mais c’est faux", clame-t-elle. "Les femmes, il faut juste aller les chercher !"
"Tu as été la première, tu seras la dernière"
Un parcours impressionnant mais qui n'aura jamais fait oublier sa condition de femme, et surtout de mère de famille. "J'ai toujours été renvoyée à ça", explique Véronique Bédague. "Avec des choses assez violentes quelques fois, surtout quand j'étais à Matignon. Certains m'ont dit : tu as été la première, tu seras la dernière. On me disait que j'étais pas assez présente pour mes enfants. Il faut être assez forte pour ça parce que notre complexe général de culpabilité se nourrit très facilement".
Véronique Bédague favorable à la politique des quotas
Véronique Bédague a aujourd'hui rejoint le privé pour prendre la tête de Nexity. Et elle a bien conscience de la symbolique. "Cela ne change rien à mon management au quotidien, ça ne change rien à la façon dont je me comporte, ni à la façon dont je me regarde. Mais je pense que ça peut changer des choses sur la projection que les jeunes femmes peuvent avoir sur le monde de demain et ça, c'est important. Le fait que je sois assise là dit que c'est possible", affirme-t-elle.
Et pour que ce soit possible au plus vite et pour le plus grand nombre, Véronique Bédague appelle notamment à une politique des quotas ambitieuse au sein des entreprises.