Quels services numériques français pour remplacer Microsoft ou Google à l’école ? La tâche semble immense, tant les outils de traitement de texte, de visioconférences et de messageries de ces géants américains sont déployés dans nos vies. C’est pourtant la consigne donnée par le ministère de l'Éducation nationale, réaffirmée mi-novembre dans le Journal Officiel.
Le marché s’ouvre donc aux acteurs français du numérique, mis à l’honneur la semaine dernière au salon Educatech qui s’est déroulé à Paris de mercredi à vendredi.
Souveraineté numérique et confidentialité des données
Arnaud Albou, rencontré sur place, a cofondé Open Digital Education. Une entreprise française qui développe des espaces numériques partagés pour chaque classe : cahiers multimédias, logiciels de traitement de texte, agendas… Mais, à l’inverse des plateformes Google ou Microsoft, ou des réseaux sociaux, les données mises en réseau au sein d’un même établissement scolaire restent confidentielles, en conformité avec les règles établies au sein de l’Union européenne. C’est aussi la garantie d’une "souveraineté numérique" puisque les informations ne transitent pas par les Etats-Unis.
"On équipe 30 % des écoles françaises", se félicite Arnaud Albou. "En France, près de 95 % des collégiens sont équipés d'une plateforme telle que la nôtre", ajoute-t-il. "Sur les écoles primaires, on est passé en deux ans de 7% des élèves équipés à 40 % en 2022".
Le danger de l’influence de nos données personnelles sur les algorithmes éducatifs
Les petits Américains, eux, utilisent majoritairement Google classroom, "la classe Google". Une plateforme qui propose également des cours. Mais attention, ces contenus peuvent être personnalisés en fonction de données récoltées sur le net, met en garde Catherine de Vulpillières. Elle dirige Evidence B, qui propose des cours garantissant 0 intrusion concernant l’identité des élèves, à l’inverse de Google.
"Les plateformes américaines recueillent des données qui peuvent concerner le genre ou l'origine sociologique d’un élève", alerte Catherine de Vulpillières. "Par exemple, sur les mathématiques, une fille a des biais sociologiques, cognitifs, qui lui font croire qu’elle n’est pas bonne en maths, alors que ce n’est pas vrai", explique cette ancienne enseignante.
"Donc, si un algorithme a pris en compte son genre pour lui proposer des exercices plus faciles, c'est un biais tout à fait négatif", enchaîne Catherine de Vulpillières. "De même qu’entre une classe du 16ème arrondissement, et une classe de Seine-Saint-Denis, certaines données sociologiques pourraient être exploitées pour influencer la progression des élèves. Ce qui pourrait renforcer, in fine, les biais initiaux".
Cependant, contrairement à leurs équivalents américains, les outils français ont un coût : comptez quatre euros par élève et par an pour la plateforme d’Open Digital Education par exemple.