Ils demandent "le retour à l’état de droit". Les "foulards rouges", un mouvement né en réaction aux violences commises lors des manifestations des "gilets jaunes", appellent à manifester dimanche à Paris. "La colère a été entendue, les revendications étaient légitimes mais nous dénonçons la forme, les violences systématiques, la haine contre les élus, les journalistes. Aujourd'hui, on n'est plus dans une contestation sociale", a déclaré Laurent Soulié, initiateur de la marche, lors d'un point presse.
Cette "marche républicaine des libertés", du nom de l’événement créé sur Facebook, espère ainsi réunir plusieurs milliers de personnes. L’initiative, qui se veut "apolitique", est cependant critiquée par les "gilets jaunes", qui y voient une mobilisation pro-Macron. Et même dans les rangs de la majorité, où certains craignent un "bide", la manifestation ne fait pas l’unanimité.
Comment est née cette manifestation ?
L’idée de cette manifestation a été lancée sur Facebook par un sympathisant LREM de Toulouse, Laurent Soulié. Elle a ensuite reçu le soutien des "foulards rouges", un collectif né fin novembre pour protester contre les blocages mis en place par "les gilets jaunes", à condition que le défilé ne soit pas organisé en soutien à Emmanuel Macron, mais plus largement à "la République". Depuis, les organisateurs tentent de persuader du caractère apolitique de l’événement.
"Ce n’est pas une manifestation contre les ‘gilets jaunes’ mais pour notre République et le respect des institutions. C’est une marche totalement apolitique. Chez nous, il y en a beaucoup qui ne supportent pas le président", assure Théo Poulard, vice-président des "foulards rouges". Les sympathisants LREM qui participeront à la manifestation sont donc priés de rester discrets.
Combien de personnes sont attendues ?
L’ampleur de la mobilisation reste une énigme. Sur Facebook, près de 10.000 personnes ont annoncé leur intention de participer à cette "marche républicaine". "Si on est 20.000 ce sera un succès. 40.000 un très gros succès", estime Théo Poulard. Plusieurs "foulards rouges" ont cependant fait état de "menaces" sur les réseaux sociaux. "C'est grave, on ne peut plus exprimer notre choix. Des gens ont peur de venir", affirme le vice-président des "foulards rouges".
Certains membres du collectif redoutent donc que "la marche fasse un bide", comme Serge, un retraité de 72 ans. D’autres "foulards rouges" craignent également des affrontements avec des "gilets jaunes", qui viendraient dimanche pour en découdre.
Qu’en pense la majorité ?
L’initiative des "foulards rouges" embarrasse clairement les rangs présidentiels. La République en marche a ainsi pris ses distances avec cette marche. Le parti "n'appellera pas à manifester le 27 janvier mais redoublera d'efforts pour assurer la réussite du débat" national, a fait valoir mardi son patron Stanislas Guérini. Les élus et militants LREM décideront donc à titre individuel, et pas à l’appel du mouvement, de défiler ou non. "Je n'y participerai pas et je pense que les élus n'ont pas vocation à participer à ce type de rassemblement", estime le député LREM du Val d'Oise Aurélien Taché, pour qui "il n'est pas question de manifester Français contre Français".
D’autres élus ont, eux, annoncé leur intention de manifester aux côtés des "foulards rouges". "Je pense aller à la manifestation sans écharpe, sans marquage, sans rien, dans un bon état d'esprit, quelques instants pour montrer qu'il y a aussi des gens qui sont aux côtés du gouvernement", déclare la députée de Paris Olivia Grégoire. Un autre député francilien y participera également, mais avec une "crainte" : "que ce soit un bide et que ça nous soit attribué alors qu'on y est pas pour grand-chose".
Même embarras au sein du gouvernement. Le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer a envisagé de se joindre à la manifestation, avant de se rétracter. "Un ministre, ça ne va pas manifester", nous confie ainsi un membre du gouvernement.