Les manifestations contre les violences policières et le racisme se multiplient dans le monde et en France, comme à Paris samedi après-midi, après le meurtre de l'Afro-américain George Floyd par un policier blanc. Alain Bauer, professeur de criminologie appliquée au Conservatoire national des arts et métiers de New York et Shanghai et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy pour les questions de sécurité, estime sur Europe 1 samedi qu'il "manque aux inspections un outil de légitimité et de confiance avec la population, un regard extérieur".
"Il y a des policiers racistes, xénophobes, violents, dangereux et la police le sait"
"La police nationale n'est ni raciste ni violente mais l'esprit de corps fait qu'une petite minorité a pris en otage une immense majorité." Si Alain Bauer nie l'existence d'un racisme systémique au sein de la police française, il estime qu'il y a "des policiers racistes, xénophobes, violents, dangereux et que la police le sait" et qu'elle les punit "en général discrètement en interne". Selon lui, le problème est que la police "n'arrive pas à assumer l'existence de ces centaines de milliers de smartphones qui rendent tout visible, tout présent" et qu'elle "essaie encore de faire comme si ça n'existait pas et qu'elle pouvait laver son linge sale en interne".
Le criminologue estime que si "les inspections sont très puissantes, très déterminées et très dures avec les policiers en interne", dès lors qu'il y a une confrontation avec un civil à l'externe, "elles donnent toujours l'impression de protéger" les policiers. D'après Alain Bauer, la police doit "retrouver la confiance du public" et pour cela, il est donc nécessaire de réformer le mode d'inspection dans la police. "Il y a en France des outils comme le défenseur des droits, le contrôleur général des lieux de privation de liberté, la CNIL… soit toute une série d'outils mis en place pour contrôler les activités des institutions de police, de sécurité et de renseignement", expose-t-il.
"Revisiter" les gestes techniques d'interpellation
Mais selon lui, "il faut aller jusqu'au bout et imposer la présence d'un magistrat à la retraite, d'un représentant du défenseur des droits, dans toute enquête portant sur la confrontation entre des uniformes et des civils". Une telle "réforme facile et efficace" permettrait ainsi de "sortir de cette idée en général fausse, puisque l'IGPN sanctionne énormément en France" que les inspections "protég[ent] les policiers". "Il faut franchir le pas", appuie-t-il.
Alain Bauer propose aussi que les règles déontologiques et les gestes techniques qui sont ceux des interpellations et "qu'on apprend essentiellement en formation initiale soient revus, revisités et parfois remis en cause". "Il faut continuer un processus où régulièrement on rappelle les gestes à ne pas utiliser", préconise-t-il. "Il y a des gestes barrières contre le virus, et bien il y a des gestes à ne pas utiliser en matière d'interpellation."