L'association 40 millions d'automobilistes dénonce lundi la "privatisation" des radars embarqués, dictée par l'"excellente opération financière" pour l'État qui engrangera selon elle 2,2 milliards d'euros par an de recettes issues des amendes.
Des raisons financières et non de sécurité. Le gouvernement a annoncé le 2 octobre 2015 "l'externalisation" du pilotage des voitures transportant les radars mobiles nouvelle génération (RMNG), qui sera confié à des "prestataires agréés" par l'État afin de multiplier le nombre de contrôles. Un appel d'offres a été lancé, avant une expérimentation puis une généralisation.
"La privatisation des radars embarqués n'a d'autre but que de générer, grâce aux amendes issues des contraventions, d'importantes sommes d'argent qui finiront dans les caisses de l'État. En revanche, il n'existe aucune preuve que cette mesure ait un quelconque effet positif sur la sécurité routière", affirme le président de 40 millions d'automobilistes, Daniel Quero.
Une "manifestation numérique" en perspective. L'association estime qu'à plein régime, ce dispositif permettra à l'État d'engranger 2,2 milliards d'euros par an. Après avoir réuni près de 300.000 signatures dans une pétition contre cette "mesure scandaleuse", elle appelle les automobilistes à lui faire parvenir leurs photos qui seront ensuite diffusées pour une "manifestation numérique".
Des radars sous-utilisés d'après Bruno Le Roux. Le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux a annoncé le 8 janvier que l'appel d'offres avait été lancé "pour que ces radars (embarqués, ndlr) soient confiés à des sociétés qui vont uniquement les faire rouler". "Ils resteront sous la responsabilité de l'État", a-t-il assuré, puisque les infractions sont constatées par le radar automatique embarqué et que le PV est rédigé par un officier de police au centre de traitement des infractions routières de Rennes.
"La moyenne d'utilisation d'un de ces radars est d'un peu plus une heure par jour (1h13, ndlr), c'est du matériel qui est sous-utilisé. Il faut beaucoup plus l'utiliser pour faire en sorte que les comportements de dépassement de vitesse soient sanctionnés", a expliqué Bruno Le Roux.
Une stratégie pour enrayer le nombre de morts sur la route. Les sociétés privées "ne seront pas rémunérées au nombre d'infractions mais au temps que le radar aura passé sur la route", a-t-il rappelé. Cette mesure s'inscrit dans une stratégie pour tenter d'enrayer la hausse de la mortalité routière enregistrée depuis 2014. En 2016, 3.469 personnes sont mortes sur les routes, pour la troisième année consécutive, une première depuis 1972.