L'année 2021 a entrainé une profonde remise en question de l'Eglise. Avec le rapport Sauvé, c'est au moins 216.000 mineurs victimes d'abus sexuels au sein de l'institution depuis les années 50 qui ont été mis en lumière. Un chiffre qui donne le vertige et qui a créé un véritable choc tellement personne ne s'attendait à un tel ordre de grandeur.
La dernière fois que Jean-Marc Sauvé avait fait une estimation du nombre de personnes victimes, c'était en mars dernier, et il parlait alors de 10.000. Jean-Marc Sauvé a restitué plus de deux ans d'enquête, début octobre, au cours d'une conférence de presse historique où il a dénoncé la dimension systémique des abus sexuels dans l'Eglise.
"Il y a une responsabilité de caractère global et systémique parce que l'Eglise n'a pas su voir et entendre. Elle n'a pas su capter les signaux faibles et donc ces agressions ont pu se poursuivre. C'est le premier travail. Puis la deuxième chose qu'on demande à l'Eglise, c'est d'engager un travail d'indemnisation, de réparation. Et cette indemnisation ce n'est pas un don, ce n'est pas une libéralité qui serait consentie aux victimes. C'est un dû", avait-il alors indiqué.
La dimension systémique de ces crimes sexuels
Lors de l'assemblée plénière des évêques, réunie à Lourdes en novembre dernier, l'Eglise a reconnu sa responsabilité et la dimension systémique de ces crimes sexuels, comme l'explique Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France. "Nous avons senti monter en nous le dégoût et l'effroi en réalisant ce que tant et tant de personnes avaient vécu et vivaient de souffrance. Petits garçons, petites filles, adolescents, adolescentes, qui pleurent en secret dans le fond de leur âme et jusqu'au dernier jour de leur vie d'adulte," a-t-il posé.
"Nous sommes donc obligés de constater que notre Eglise peut être un lieu de crimes graves, d'atteintes redoutables à la vie et à l'intégrité d'enfants et d'adultes. Or, cela ne se peut. Nous avons laissé se développer un système ecclésiastique qui, loin de porter la vie, abîme, écrase, bafoue des êtres humains et leurs droits les plus élémentaires", a-t-il poursuivi.
Cette reconnaissance a ouvert la voie à un geste financier puisqu'un fonds est en train d'être abondé et a récolté pour l'heure 20 millions. En janvier, l'instance nationale indépendante d'attribution recueillera les premières demandes d'indemnisation. L'Eglise attend également des émissaires du Vatican pour venir analyser la situation en France. Le pape François devait de son côté recevoir la Ciase le 9 décembre, mais l'audience a été annulée officiellement pour des questions d'agenda. Reste désormais à trouver une nouvelle date.