La crise sanitaire a retardé l'échéance mais, en interne, la colère des salariés de la RATP gronde depuis plusieurs mois. En particulier sur la question des salaires, qui n'augmentent pas au même rythme que les bénéfices de l'entreprise, selon Cemil Kaygisiz, secrétaire général de la CGT RATP Bus : "Il y a la question de l'inflation, du pouvoir d'achat, des salaires qui ne suffisent plus pour vivre".
Ce qui a mis le feu aux poudres, selon l'ensemble des syndicats de l'entreprise, c'est une proposition de la direction : 0,4% d'augmentation dans le cadre des négociations salariales annuelles. Voilà pourquoi ce vendredi sera noir pour les usagers de la RATP : 8 lignes de métro seront totalement fermées (2, 3 bis, 5, 7 bis, 8, 10, 11 et 12), six lignes seront partiellement ouvertes aux heures de pointes (3, 4, 6, 7, 9 et 13).
Seules les lignes 1 et 14 fonctionneront normalement. Pour les RER A et B, la circulation est annoncée "fortement perturbée", avec un train sur deux, aux heures de pointe, un sur trois aux heures creuses.
Bataille de chiffres, dialogue de sourds
Les syndicats parlent de provocation en référence au chiffre de +0,4% d'augmentation, "perçu comme une insulte", explique Cemil Kaygisiz. Une lecture que réfute la direction. Il ne s'agit pas de 0,4% d'augmentation mais d'une enveloppe globale de 2,7%, sans compter l'intéressement précise Jean Aghulon, DRH de la RATP : "La prime versée sera supérieure à celle des années précédentes, en général autour de 1.000 euros". Selon ses calculs, ce sont au total 100 millions d'euros qui seront distribués aux salariés en 2022.
La dernière réunion de négociations salariales aura lieu ce vendredi. La mobilisation massive des salariés prouve que le climat social est très tendu en interne. D'ailleurs, le prochain dossier chaud est déjà sur le bureau de la direction, qui devra gérer les conséquences de l'ouverture à la concurrence du réseau de bus à partir de 2025. Les syndicats s'inquiètent déjà des conséquences sociales en cas de transfert dans une autre entreprise qui gagnerait un appel d'offres aux dépens de la RATP.