"Absence de concertation = stop à la méthode Macron" : magistrats, avocats et greffiers se sont rassemblés vendredi après-midi devant le TGI de Bordeaux pour protester contre les projets de réforme de la justice. "Le projet de loi que nous avons découvert la semaine dernière est grave pour nous tous, mais surtout pour les justiciables", a dénoncé le bâtonnier du barreau de Bordeaux, Jérôme Dirou, devant une centaine de manifestants. Plusieurs arboraient des pancartes où l'on pouvait lire : "Pas de justice sans moyen à la hauteur des besoins"; "justice de proximité, justice de qualité", "Derrière la "simplification", l'atrophie de la justice pénale".
"Réforme sans concertation". "Le fait d'avoir accès à un juge, à un débat judiciaire, c'est un pilier de notre démocratie", a ajouté le bâtonnier, dénonçant une réforme dont l'objectif est, selon lui, de "faire des procès moins nombreux, qui coûtent moins chers et plus rapides". Du côté des magistrats, les manifestants ont dénoncé une "réforme d'ampleur sans concertation" qui "signe la suppression de 307 tribunaux d'instance, la déshumanisation de la justice au civil et, en matière pénale, une régression des droits de la défense", selon Françoise Martres, déléguée du Syndicat de la magistrature (SM). Même colère du côté des magistrats des tribunaux d'instance. "La logique de la pénurie aboutit à la suppression de la justice de proximité", a déploré François Pradier, juge au tribunal d'instance de Bordeaux qui dénonce "une mutualisation des ressources humaines pour tenter de gérer la pénurie d'effectifs".
"Tribunal criminel". Le projet de loi de programmation pour la justice 2018-2022 doit être présenté en Conseil des ministres le 11 avril. La réforme comprend cinq volets: sens et efficacité des peines, simplification de la procédure civile, simplification de la procédure pénale, transformation numérique et adaptation du réseau des juridictions. Parmi les principales mesures annoncées, l'expérimentation d'un "tribunal criminel" à la place des cours d'assises pour juger certains crimes, comme par exemple les viols, les coups mortels, les vols à main armée, afin de désengorger les cours d'assises et d'avoir des jugements plus rapides.