Le coup de pouce aux petites pensions prévu par la réforme des retraites profitera à 185.000 des nouveaux retraités de 2024, pour une revalorisation moyenne d'environ 30 euros par mois, selon une étude du service statistique du ministère du Travail, de la santé et des solidarités (Drees). L'étude évalue le gain lié à la réforme pour le flux de nouveaux retraités en 2024 et ensuite.
Elle n'aborde pas le cas des 1,7 million de personnes déjà en retraite au moment de l'entrée en vigueur de la réforme, le 1ᵉʳ septembre 2023, qui vont aussi bénéficier d'une revalorisation dans le cadre de ce coup de pouce aux petites pensions. L'estimation par la Drees d'une revalorisation moyenne de 30 euros pour les nouveaux retraités confirme l'évaluation qu'avait déjà faite la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) devant le Sénat, en octobre dernier. Mais la CNAV n'avait pas précisé alors le nombre de personnes concernées. La très contestée réforme des retraites a revalorisé le "minimum contributif" (Mico), dispositif de soutien aux petites pensions, pour que celles-ci atteignent au minimum 85% du Smic net (1.200 euros au moment de la réforme), pour un salarié ayant accompli une carrière complète au Smic.
Muscler le volet social
Le gouvernement a introduit cette mesure pour muscler le volet social d'une réforme reculant à 64 ans l'âge légal de la retraite, contre 62 ans auparavant. Mais l'exécutif et la majorité ont été accusés d'avoir survendu l'effet positif de la mesure sur le niveau des petites retraites, en faisant miroiter une évolution bien plus avantageuse qu'elle ne l'était réellement. Pour la Drees, l'effet "revalorisation des petites pensions" de la réforme des retraites va en tout cas se poursuivre dans les années et décennies à venir, puisque le "Mico" est désormais indexé sur le Smic, et non pas sur l'inflation.
La proportion de nouveaux retraités bénéficiant du soutien aux petites pensions va ainsi rester largement supérieure à ce qu'elle aurait été sans la réforme : près de 30% en 2024, avec une redescente à 25% dans la décennie suivante, et une légère remontée dans les décennies suivantes. Selon la Drees, la réforme a également un effet redistributif. "C'est bien pour les bénéficiaires les plus modestes que le minimum contributif a les effets les plus importants", souligne-t-elle. La Drees indique également que "les femmes bénéficient du minimum contributif deux fois plus souvent que les hommes".
"Grâce au minimum contributif, l'écart de pension moyenne dans les régimes de base du secteur privé entre femmes et hommes se réduit, passant de 16,6% à 14,5%", indique-t-elle. S'agissant des 1,7 million de personnes déjà en retraite au moment de l'entrée en vigueur de la réforme, la CNAV a estimé le gain apporté par la réforme à 60 euros en moyenne.