Les agents d'EDF, en grève reconductible contre le projet de réforme des retraites, ont multiplié samedi les actions, portant à près de 5.000 mégawatts les réductions de production depuis vendredi soir, soit l'équivalent de cinq réacteurs nucléaires, a-t-on appris auprès de la CGT et d'EDF. Cette grève reconductible, prélude à la journée de "mise à l'arrêt" de la France prévue le 7 mars, a débuté dès vendredi après-midi chez les énergéticiens, avant l'examen entamé samedi au Sénat de l'article 1 sur la suppression des régimes spéciaux de retraite.
Selon Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la CGT Energie joint par l'AFP, "les premiers messages de sûreté de réseau sont atteints et notre but n'est pas de toucher les usagers". Autrement dit les grévistes entendent ne pas accroître les baisses tant que ces messages d'alerte sur l'équilibre entre production et consommation sont émis par le régulateur du réseau. "Mais la question d'aller plus loin se posera la semaine prochaine", a-t-il averti, "on sera capable de tout".
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Mise "en sobriété énergétique" de "très nombreux" radars routiers
Les quatre unités de production nucléaires de Tricastin (Drôme) étaient touchées samedi par des baisses de charge d'environ 2.000 mégawatts, selon le site internet d'EDF, ainsi que l'unité 2 de Flamanville (Manche). A la mi-journée, la 5e unité de Gravelines (Nord), Paluel 2 (Seine-et-Maritime) et la première tranche de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) ont à leur tour été affectées, effaçant près de 2.000 MW de production. Saint-Alban 2 (Isère), qui a connu une baisse de production liée à la grève dans la nuit, est revenue sur le réseau samedi, selon EDF.
Côté gaziers, la tranche 6 de la centrale thermique de Martigues (Bouches-du-Rhône) "est toujours arrêtée par les agents grévistes", occasionnant une baisse de "465 mégawatts retirés du réseau", selon la CGT. Le syndicat a aussi revendiqué une mise "en sobriété énergétique" de "très nombreux" radars routiers en "Mayenne, Bouches du Rhône, Alpes de Haute Provence, Gironde...". En clair, ces radars ne fonctionnent plus. "On ne dit pas où comme ça on maintient la prévention, mais on supprime la sanction", a justifié Fabrice Coudour.
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Pas de coupure pour les clients
Le mouvement de grève devait débuter lundi, à la veille de la journée nationale de mobilisation à l'appel des syndicats, mais les électriciens et gaziers ont avancé leurs actions en apprenant que le Sénat débutait dès ce week-end les débats sur la suppression des régimes spéciaux. Le secteur craint de voir disparaître son régime spécial et avec lui, à terme, son statut protecteur destiné à compenser notamment les contraintes horaires du métier. Ces baisses de production, très encadrées par le gestionnaire du réseau de lignes à haute et très haute tension RTE, n'entraînent généralement pas de coupure pour les clients.
"On vient d'appeler à généraliser, y compris dans l'hydraulique", avait indiqué vendredi soir à l'AFP Sébastien Ménesplier, secrétaire général de la CGT Energie. "Ça va s'organiser aujourd'hui, ce soir et demain samedi" et "le mouvement durera "a minima jusqu'au 7 et a maxima jusqu'à la gagne", avait-il affirmé.